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Commune de Pont-d’Ain

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Lire: “Un Pondinois dans la guerre” par Marcel Perrin

Juin 1940

En prélude à l’avancée des blindés de Gudérian, Pont d’Ain va être un grand centre de passage de la population en exode, fuyant…
Pour éviter à l’armée des Alpes d’être prise entre deux feux, entre les Allemands et les Italiens, le commandement français organise une ligne de résistance sur le Rhône.
Le 15 juin 1940, à 8h, le général Cartier, qui prend le commandement d’un groupe Dauphiné-Savoie crée à cet effet, réunit à Chambéry, les chefs des subdivisions territoriales de Bourg, Grenoble et Chambéry pour organiser la première ligne de défense, soit un front de 130 km.
Voilà pourquoi les ponts sur l’Ain ne sont pas détruits.
Le 19 juin 1940, le préfet de l’Ain déclare “Bourg ville ouverte”. Les Allemands sont entrés dans Bourg-en-Bresse ce mercredi vers 9 h du matin. Ils ne font que passer sans occuper massivement les lieux. Aucun incident n’a été signalé. L’effectif estimé des Allemands et de 1200 à 1500 hommes.    La colonne se scinde en deux: une partie va en direction de Pont d’Ain, qu’elle traverse dans la matinée, puisAmbérieu et Belley, l’autre en direction de Nantua et Bellegarde. De Pont d’Ain, un détachement de blindés de Gudérian se dirige sur Lyon. Ce sont ces éléments précurseurs qui sont reçus officiellement à la Croix-Rousse par les représentants des autorités et conduits à la préfecture.
Six personnalités sont alors prises en otage en gage du bon respect du statut de “ville ouverte”.

La Résistance s’éveille

Ceux qui refusent la défaite, ceux qui refusent les lois portant sur le statut des juifs, ceux qui refusent la chasse aux sorcières qui exclut les communistes de l’administration, s’indignent d’abord individuellement.
Ils se rassemblent avec des amis de même conviction, avec lesquels ils ont un lien: l’armée, le syndicat, le corps médical et autres…
R. PIRAT a cité :  Jean DARGAUD : Roger BONAVENT qu’il a connu au Service Militaire, Guy MARTIN, BOUCHARD, Jean ROSET, Marcel PERRIN

Ces noyaux sont les embryons des futurs Armées Secrètes (A.S.) de secteurs créés par le mouvement Combat en novembre 1942. La domination de ce Mouvement est telle que l’organigramme de Combat sera entériné, comme celui désormais de l’A.S. du Mouvement Uni de la Résistance (M.U.R. crée en mars 1943).
Pont d’Ain fait partie du secteur C2 de l’Armée Secrète regroupé autour d’Ambérieu. Ambérieu présente deux activités motivant l’esprit de Résistance: La base d’aviation avec son dépôt et l’autre “dépôt”, celui de la SNCF. Une forte densité de cheminots communistes fait supposer une opposition ardente, mais souvent partiale. Gaston BRUCHER, lorrain, ancien de “l’Aviation”, entré à la SNCF est vite accusé de gaullisme par ses camarades. Ce secteur fusionnera avec celui de Neuville, dont le chef est SIGRAND. Le secteur de Neuville/Ain (Cf), essentiellement rural a d’abord relativement peu de volontaires. Jean PEILLOD, fin 1943 le développe et lui donne une autonomie.

Naissance du Groupe Godard de Jean Dargaud.
Rencontre avec le réseau Special Operation Executive (S.O.E.).

Voir 

Un Pondinois au Maquis par Marcel Perrin
Mr René Pirat de Pont d’Ain nous dit :

” En 1943, le commandant “Toto” responsable du réseau Tiburce est responsable S.O.E. pour les départements de Saône et Loire, de l’Ain et du Rhône. Il envoie le lieutenant anglais “Germain”  W.G. Hicks pour préparer un groupe dans l’Ain et ses premiers pas vont l’amener dans la région de Tenay, St Rambert en Bugey, puis à Pont d’Ain où il se présente chez Jean Dargaud, comme officier anglais chargé de mission pour organiser un groupe de Résistance de l’Intelligence Service (I.S.). Le contact est plutôt à la froideur, la méfiance étant plus forte que la confiance. En effet Germain, grand blond aux yeux bleus, le regard assez froid pourrait bien être un agent de la Gestapo et il faudra attendre l’arrivée d’Archambault «Jean-Paul»  pour établir la confiance. Jean Paul, capitaine canadien, a été parachuté en Saône et Loire et va commander le groupe Maquis Chico dans la montagne de Chartreuse ous sommes en mars 1944 et les préludes au Débarquement se précisent de jours en jours. Maintenant il faut faire face et prendre des décisions importantes.
Jean Paul et Germain spécialistes en armes et en explosifs vont commencer à nous initier au maniement des armes, du plastic, des détonateurs, des crayons à retardement, etc….enfin tout le matériel du parfait saboteur…. »

Voici le témoignage de W.G. HICKS  «Germain»

Capitaine georges dit germain« Archambault est parachuté au nord de Lyon le 8 avril 1944. Il était devenu ” Chico ” – APOTHECARY, et devenait l’un des adjoints d’Albert Browne-Bartroli au sein du réseau Tiburce – DITCHER, dont il prenait en charge la partie couvrant le sud du département de l’Ain.  En France, il sera “Jean Paul”. Je présentai le capitaine Jean-Paul aux deux groupes que j’avais formé, celui de Jean Dargaud à Pont-d’Ain et celui des frères Decize à Saint-Rambert-en-Bugey. Nous avons travaillé ensemble jusqu’au Jour J, organisant des parachutages et formant nos recrues au maniement des armes et des explosifs.
Le 6 juin, nous prîmes le maquis dans la montagne de Chartreuse (de Porte ndlr), d’où nous pouvions attaquer nos objectifs, les voies de communication de l’Ain ; et nous avons ainsi combattu ensemble jusqu’à mon arrestation par la milice, le 3 août …
Jean-Paul est rentré en Angleterre après la libération ; il est, presque aussitôt, parti pour de nouveaux combats, cette fois contre les Japonais ; et il n’en est, hélas, jamais revenu.»
HICKS “Germain” est le second d’ Archambault “Jean Paul “. (ndlr)

Les parachutages

Monsieur Jean Pirat poursuit : ” Les parachutages vont pouvoir commencer sur notre terrain de Rossettes, hameau de Druillat à une dizaine de km de Pont d’Ain, et à Ponçin au-dessus des usines Tiflex. Les parachutages sont commandités par le capitaine “Jean-Paul” (Archambault)
Le 1er message est: “le chou à la crème est le meilleur”.
Le 2ème: “la jupe entravée a fait tomber Grand Mère”.
Le 3ème: ” Le furet a laissé tomber sa noisette”.
D’après nos codes, nous attendons un parachutiste et à notre grande surprise 2 ou peut-être 3 avions sont au rendez-vous. Nous faisons donc appel à un groupe voisin, groupe Augé (Gambier), avec ses camions et ses Enfants de Troupe. Nous partagerons, ce qui va permettre de les armer”.

Journal de Marche du Groupe Godard

J. Pirat poursuit: “Nous voici au 1er juin 1944, le Groupe Godard (Dargaud) est opérationnel* sous la dénomination “Maquis Chico I.S. des réseaux Tiburce Buckmaster”.
(Deux réseaux existaient L’Intelligence Service (I.S.) et le Special Operation Executive (S.O.E.). Le S.O.E. est née en 1940 alors que l’I.S. est beaucoup plus ancien. Ces 2 réseaux étaient rivaux, mais comme le sigle I.S. était connu de tous, ont souvent été appelés réseaux I.S., des réseaux en fait S.O.E.. Tous les personnages cités plus haut étaient des membres du S.O.E. ndlr)
“…Nous sommes donc le Corps Franc du groupe principal cantonné dans la montagne de Chartreuse (de Porte ndlr) sous les ordres du Capitaine Jean Paul et du Lieutenant Germain. Maintenant notre épopée dans la Résistance Ain et Haut-Jura va pouvoir commencer.”

“1er juin 44: réception à l’émission de 14H30 (de la B.B.C. ndlr) du message pour l’Ain du Débarquement:
« La Reine s’avance sur sa terrasse, ce n’est pas la Reine c’est le Roi ». Ce message est le signal du déclenchement des plans vert, violet: couper les lignes de communication.
Formation immédiate du camp dans les bois du Mossant (près de Varambon).

Nuit du 2 au 3: coupures de la voie entre Pont d’Ain et la gare. Transport de nos dépôt d’armes dans les caches des bois de Druillat.

Nuit du 5 au 6:  en collaboration avec l’O.M.A. (Organisation Métropolitaine de l’Armée, (de fait l’ O.R.A. depuis 1942: Organisation de la Résistance de l’Armée ndlr) coup de main sur un train de haricots à la Station Magasin d’Ambronay.
 
Nuit du 6 au 7:  32 coupures sur voie ferrée entre le pont de l’Ain et la gare d’Ambronay. Les Allemands utilisent une nouvelle méthode de réparation extrêmement rapide au chalumeau.

7 juin après midi: 20 coupures entre gare d’Ambronay et Ambérieu. Nous établissons un poste de guet au pont de Priay.

8 juin 14H: plusieurs camions allemands se présentent à l’entrée du pont. Nos 2 fusils mitrailleurs ouvrent le feu, la réponse est immédiate; plusieurs Allemands semblent touchés en essayant de s’engager sur le pont. Nous faisons connaissance avec les balles explosives et l’escarmouche prend fin après quelques heures avec le départ des Allemands. Pas de blessés chez nous.

9 juin: nous établissons un poste de guet vers les gués de l’Ain entre Pont d’Ain et Priay.

Nuit du 10 au 11 juin: 8 coupures vers gare d’Ambronay.

11 juin- matin:  renseignements alarmants. Nous transférons le camp dans le bois de Druillat.
Dans l’après midi attaque générale des Allemands contre les barrages établis par les Maquis à Gèvrieux, Priay, Varambon, Pont d’Ain. Nous sommes prêts pour intervenir mais les renseignements sont mauvais; les Allemands furieux prennent des otages,, fusillent et brûlent. Un habitant de Pont d’Ain, envoyé pour parlementer aura toutes les peines du monde à éviter des représailles. Nous nous retirons.

12 juin: les Maquis s’étant retirés dans la montagne, les Allemands occupent la région de Pont d’Ain et patrouillent dans les chemins qui bordent notre camp; alors nous pénétrons plus profondément dans le bois.

13 juin: nous sommes complètement isolés. Notre ravitaillement est précaire: pain et fromage. Un camarade va aux nouvelles tous les jours.

Nuit du 14 juin: Nous cisaillons tous les fils téléphoniques au départ de Pont d’Ain.

15, 16, 17 juin: les réparations sur les voies sont arrêtées. Les trains ne passent plus. Notre situation est précaire, nous allons changer notre camp de place.

18 juin: dans l’après midi, avec armes et bagages, et après une expédition rapide de 2 éclaireurs, nous traversons la voie ferrée sous Saint – Martin du Mont sans encombre et nous retrouvons les collines du Revermont.

19 juin: nous nous dirigeons vers Poncin, puis sur les indications du Ct André (?)*, nous établissons notre camp au Mortarey. Notre ravitaillement est alors assuré par l’intendance de l’O.M.A.

20 juin: organisation du camp et nous allons faire 20 coupures au crayon à retardement entre le pont de Contençon et la gare de Saint – Martin du Mont.

21 juin: dans la nuit nous faisons 8 coupures entre Bourg et La Vavrette. Nos coupures étant trop vite réparées, nous allons nous occuper d’un plus gros morceau. Le pont de Longeville  est notre objectif.

22 juin: dans la nuit, nous bouchons les abords du pont, à chaque point cardinal, 1 F.M. assure la protection et les artificiers peuvent travailler. Au milieu de la nuit le pont saute.Beau travail dirons les Allemands venus constater les dégâts. 3 jours seront nécessaires pour rétablir une voie. Et alors nous allons faire une 2è destruction. Encore 2 jours de réparation et nous procédons à une 3è destruction. Cette fois les Allemands sont vraiment mécontents et des tracts sont posés sur les arbres et sur les ponts menaçant de prendre des otages et d’incendier des villages. Nous avons compris et nous changeons de secteur. Après toutes ces opérations notre stock de plastic est épuisé et nous demandons à notre capitaine Jean Paul l’envoi d’un message urgent à Londres pour un parachutage d’explosifs.

28 juin: nous recevons un renseignement nous informant que quelques trains en formation tenteraient le passage d’Ambérieu à Bourg. Étant en manque de plastic, nous allons essayer une méthode un peu osée. Avec la complicité du mécanicien, nous arrêtons un 1er train vers la Station du magasin d’Ambronay, un camarade monte dans la locomotive, l’éloigne et la lance sur les wagons après avoir sauté en marche, nouveaux dégâts, nouveaux travaux. Nous avons repéré à la Station un wagon de bombes incendiaires et nous décidons de le détruire.

30 juin: tout trafic est interrompu; même les réparations semblent au ralenti.

1er 2 et 3 juillet: cela nous inquiète un peu. Entre temps nous avons reconstitué notre stock d’explosifs, notre capitaine ayant reçu un parachutage.
Nous allons pouvoir nous occuper du wagon de bombes incendiaires et à la nuit, nous le déplaçons le plus loin possible de toute habitation, un peu de plastic de chaque côté, et nous avons un superbe feu d’artifice qui illumine la nuit, visible à plus de 20 km.

4 juillet: Surprise, les Allemands réparent la voie à toute allure pour tenter le passage de plusieurs trains. 7 sont annoncés les uns derrière les autres sous la protection d’un (train, ndlr) blindé. Le temps d’arriver, c’est en plein jour, 4 passent mais le 5è n’ira pas plus loin: plastic sur une dizaine de mètres, un dispositif d’allumage qui est déclenché par (le passage de, ndlr) la locomotive et le déraillement est parfaitement réussi d’autant plus que le chauffeur et le mécanicien sont indemnes.
C’est une grande satisfaction. Les voies sont labourées sur une cinquantaine de mètres, les wagons de tête sont encastrés sur le tender. Maintenant il faut une grue assez puissante pour réparer. Nous allons tenter dans les jours suivants une opération assez dangereuse, car réalisée surtout de jour: détruire la grue.

5 juillet: vraisemblablement la grue doit arriver pour déblayer d’abord et réparer ensuite. Avant le lever du jour, nous allons préparer un piège. La voie est minée sur une vingtaine de mètres et pour assurer la précision nous allons utiliser un allumeur à traction, c’est à dire que nous pouvons déclencher l’explosion au moment choisi. Mais premier grain de sable, il pleut sans arrêt et vers 9H la grue arrive avec, devant les wagons plats et à l’arrière, les wagons de soldats avec les ouvriers. Lorsque la grue est bien cadrée dans nos repères un camarade déclenche la mise à feu et rein ne se passe.Nous avons échoué, pourquoi ? La pluie a sans doute mouillé une partie sensible de notre dispositif. Grosse déception ! Comme le piège était installé à quelques centaines de mètres du déraillement le convoi poursuit sa route. En arrivant prés du chantier les soldats tirent sur tous les buissons environnants et la grue commence son travail.
Nous opérons sans protection; des camarades se relayent 3 par 3 et comme rien ne s’est passé  nos camarades n’ont pas bougé et vont changer les pièces censées être les responsables de l’échec. Nous aurons la grue au retour, si tout va bien. Personne ne doit venir se promener sur nos fils et nous devons impérativement prévenir le chef de l’équipe d’ouvriers du danger, mais comment ?
Vers midi nous avons la solution, c’est l’heure du casse-croûte, un des membres de l’équipe, qui en plus est un ami, s’éloigne du chantier sans problème pour un besoin naturel et nous le contactons pour faire la commission au chef qui est notre indicateur de la S.N.C.F.. Je ne vous avais pas dit que le train déraillé est un train de vin et parait-il la gaîté règne sur le chantier y compris les soldats d’escorte.
Nous sommes tout de même anxieux. Dans la soirée, le chantier est arrêté et le convoi se prépare à rentrer sur Bourg. La sécurité est ôtée, tout est prêt mais alors que tout semble fonctionner un ouvrier sorti de quelque buisson se dirige dans notre direction et malgré tous nos efforts pour le dissuader d’aller plus loin, il y va quand même, s’entrave dans nos câbles et tout saute le blessant grièvement. Néanmoins après une longue hospitalisation il s’en sortira. Pour nous encore un échec, mais la vie de cet ouvrier nous préoccupe bien plus. Après cet incident regrettable, il faut vider les lieux et en vitesse. Les soldats un peu ivres tirent de partout et le blindé arrive peu après car il faut réparer la voie à nouveau. Cela sous sa protection.

6 juillet: malgré nos échecs nous allons essayer de détruire le train blindé. Nous avons besoin de mettre l’équipe de réparation au courant pour nous assurer de leur concours et surtout de leur discrétion. Imaginons si quelqu’un parlait, car ils nous connaissent tous et ce danger est le plus grand…….
Nous sommes prévenus que la grue ne viendra pas ce jour et que le train blindé est parti en direction de SAINT-AMOUR. Alors avec l’aide de l’équipe de réparation nous allons miner la voie avec 50 kilos de plastic sur environ la longueur du train. Nous allons remettre un allumeur à traction car c’est le système le plus précis que nous possédons. Après quelques essais satisfaisants nous avons confiance dans ce dispositif. Tout est prêt à fonctionner à nouveau. L’attente va commencer. Nous établissons un tour de garde nuit et jour, trois hommes à chaque tour, un armement léger en cas de fuite rapide et bonne chance.

7 juillet: rien à signaler. Que les heures sont longues et avec ça, l’orage.

8 juillet: un train est en vue c’est le blindé. Je ne vous décrirai pas le stress de ceux qui attendent ; ce n’est pas la peur mais un sentiment inexplicable, une certaine angoisse, car ne l’oublions pas 50 kg de plastic, ça va souffler ! Le poste de tir est bien protégé, le chemin de repli bien étudié, notre Capitaine avec son accent canadien nous a dit en parlant du train « celui-là je n’en donne pas cher ». Le train arrive doucement avec des wagons devant et sur la plate-forme des soldats prêts à tirer, protégés par des sacs de sable. Lorsque le train est bien cadré dans nos explosifs un camarade tire sur le câble et rien ne se passe, c’est encore loupé et le blindé poursuit sa route sans se douter ; pour nous quelle désillusion, après tous ces risques et échouer si près du but. La raison de cet échec ? l’humidité sûrement, nous avions pourtant protégé avec une bâche le système de mise à fau mais pas assez et c’est par le sol détrempé qu’un peu d’eau a eu raison de 50 Kilos de plastic. Donc le train continue en direction de PONT D’AIN et va passer sous un pont (le pont de Contençon). Or au même moment deux camarades ignorant ce qui vient de se passer, mais qui ne sont pas là par hasard, voient arriver le blindé. Ils sont sur la voie et le pont au-dessus. Vite ils remontent dans les broussailles et en se baissant ils arrivent sur le pont.Naturellement en voyant le train, ils pensent à l’échec de nos camarades et leur présence ici était pour aider en cas de coup dur. Ils ne savent rien et comme ils ont en main chacun une gammon (genre de grenade chargée avec du plastic)) au moment où le blindé est juste au dessous ils balancent leur gammon ; une à droite une à gauche et vite la fuite car ça va chauffer. Les Allemands surpris par tant d’audace tirent un peu partout et les soldats d’escorte vont rapidement sillonner les alentours.Mais nos amis connaissant parfaitement le coin sont vite hors de portée. Il semble qu’il y ait quelques dégâts car les ambulances sont très actives.Pendant ce temps nos camarades vexés de leur échec sur le blindé décident de modifier le système de mise à feu et tenter de le faire sauter à son retour vers BOURG. Ils ne savent pas ce qui vient de se passer au pont de Contençon distant d’environ 4 kilomètres, s’ils l’avaient su je pense qu’ils auraient changé de programme. Comme prévu le blindé revient une heure ou deux après en tirant au canon sur St MARTIN DU MONT et ses environs. L’allumage des explosifs se fera à la main, mais le danger est plus grand car en cas d’échec, gare à la riposte. Le train possède un armement redoutable, un ou deux canons, une mitrailleuse quadruplée, plusieurs mitrailleuses et fusils mitrailleurs, un chef que rien n’effraie, une section d’hommes entraînés, voilà ce que nous allons avoir en face de nous. Mais l’heure n’est plus à la réflexion,il faut agir très vite. Un détonateur neuf, un morceau de bickford (mèche lente) le plus court possible pour avoir une petite chance et l’effet de surprise sont nos seuls atouts. Après la mise à feu le cordon se consume à la vitesse de 1cm/seconde. Il faut donc calculer dans l’à peu près, selon la vitesse c’est la lutte avec le temps et la distance qu’il faut apprécier d’un coup d’œil. La chance est-elle avec nous ? Le train avance lentement semble hésiter comme s’il se doutait de quelque traque et brusquement il accélère. Maintenant tout va aller très vite, un camarade allume la mèche et l’explosion se produit juste à l’arrière du train. Un wagon semble sérieusement atteint, le blindé ne s’arrête pas mais tire de partout et personne ne s’attarde dans ce secteur.
Nous apprendrons un peu plus tard qu’il y a eu de nombreux blessés, et que des otages pris au village voisin ont été alignés contre un mur pendant plusieurs heures.Tout se terminera bien sans autres représailles à notre grande satisfaction. Nous avons de la chance dans la malchance. Encore une fois nous changeons de secteur.

9, 10 juillet: Après cette période mouvementée nous faisons le point et nous allons en tirer les conséquences. Malgré tous ces ennuis nous pensons que nous avons réussi à rendre la ligne BOURG AMBERIEU inutilisable. D’autres groupes nous ont apporté leur concours dans le plasticage des voies notamment l’A.S. de Neuville, nos voisins.
A partir de cette période nous ne verrons plus de blindé ni de grue.

11 juillet: violente attaque Allemande à NEUVILLE sur AIN en vue de dégager la route nationale n° 84 en direction de NANTUA. Nous sommes appelés en renfort à PONCIN et aussitôt nous nous mettons à la disposition du chef de groupe chargé de la défense de ce secteur. Notre groupe se trouve divisés, trois de nos fusils mitrailleurs et notre bazooka sont rapidement engagés au carrefour de Bosseron. Notre 4 ème  F.M ira sur le flanc gauche vers CHENAVEL avec des Enfants de Troupe. Les Allemands ont amené un matériel considérable, des auto mitrailleuses blindées, de l’artillerie motorisée, une colonne d’infanterie et quelques avions au-dessus. Notre 1er  groupe est de suite engagé, notre tireur au bazooka par 2 fois stoppe les autos mitrailleuses mais il est vite repéré et les obus de mortier les obligent à se replier, deux camarades sont blessés par des éclats. Les combats sont acharnés. Les camarades des A.S. NEUVILLE-PONCIN, les Enfants de Troupe, se battent héroïquement mais devant un adversaire avec une supériorité écrasante et la menace d’encerclement l’ordre de repli est donné vers 17 heures. Nous avons dans notre groupe trois blessés, au cours du combat ; un Enfant de Troupe est sérieusement blessé à une jambe (mollet déchiqueté), il est secouru par notre chef et quelques camarades qui lui ont certainement sauvé la vie ; ce combattant s’en souviendra, il est devenu le Général d’HULST gouverneur militaire de RENNES, et à chacune de nos rencontres nous parlions de cette journée historique du 11 juillet 44. Malheureusement le Général D’HULST est décédé depuis quelques années. Donc notre 1er  groupe va se replier en direction de St ALBAN après une attaque au bazooka sur une auto mitrailleuse dans la plaine de LEYMIAT et une dernière embuscade dans la gorge de CERDON. Un de nos amis blessé et hospitalisé à NANTUA a été fait prisonnier et fusillé à BOURG en BRESSE et nous aurons beaucoup de peine et une certaine colère pour de tels actes. Le reste du groupe rejoindra les Enfants de Troupe à JUJURIEUX et dans la nuit, repasse PONT D’AIN occupé pour installer le camp dans les bois de PRIAY en vue de surveiller le trafic sur la voie ferrée. Vidéo: témoignage

15, 16 juillet: pendant quelques jours les camions Allemands vont défiler sur la RN 84 en direction de LYON chargés de leurs pillages effectués à NANTUA et sa région. Après ces attaques Allemandes contre les maquis de l’Ain nous sommes un peu désemparés devant cette barbarie. Mais notre engagement n’est pas terminé. Nous allons rassembler le groupe quelque peu disséminé, dans les bois de PRIAY et nous allons reprendre nos actions jusqu’à la libération.

Fin juillet: pas de surmenage ; les voies ferrées sont désertes et d’un calme impressionnant. Est-ce le calme avant l’orage ? Nous allons tout de même en profiter pour vérifier nos armes, notre stock d’explosifs et une toilette un peu négligée, une petite lessive en retard, une bonne coupe de cheveux, tout cela contribue au moral de l’équipe. Il faut d’ailleurs que tout soit nickel car nous attendons la visite de notre Lieutenant Anglais GERMAIN (W.G. HICKS) dans les prochains jours.

3 août: GERMAIN doit arriver ce jour par la route de BOURG à CHALAMONT et un camarade est chargé de l’attendre pour le conduire à notre camp car il ne sait pas où se trouve le rendez-vous. Nous allons l’attendre toute la journée dans l’anxiété, sans succès. Le lendemain nous apprenons avec stupeur que “Germain” est venu par une autre route et s’est fait arrêter par la milice près de VARAMBON à quelques kms de notre camp. Nous sommes atterrés et inquiets pour sa vie. Quelques jours plus tard nous apprenons par notre Capitaine, par la voie de l’I.S. que notre Lieutenant a été emmené par les Allemands comme prisonnier de guerre. Sa facilité à parler l’allemand l’a sans doute sauvé et GERMAIN sera libéré à la fin de la guerre.

12 aout: à la suite de ces incidents, nous allons changer de secteur et nous transférons notre camp dans la montagne à CHATILLON de CORNEILLE sur la route d’HAUTEVILLE.

15 août: nous effectuons une mission de reconnaissance sur la voie ferrée aux alentours de MARLIEUX sur la ligne LYON BOURG. En arrivant près de la RN 83 nous sommes surpris : plusieurs camions Allemands sont en feu, une embuscade tendue par un groupe de l’OMA vient d’avoir lieu avec succès. L’endroit semble plutôt malsain et nous devons faire face rapidement. Nous faisons 4 prisonniers que nous emmenons avec une grosse voiture allemande en remorque derrière notre camion. Nous apprendrons un peu plus tard que nous avons quitté cette zone dangereuse au nez des blindés nazis qui se trouvaient juste derrière le convoi attaqué. C’était notre jour de chance !

24 août: nous patrouillons dans le secteur de MEXIMIEUX sur la RN 84 lorsque nous sommes prévenus qu’une escarmouche a mis aux prises un groupe de Maquis avec un convoi Allemand à DAGNEUX à une dizaine de kms. Aussitôt nous nous dirigeons vers ce point. Effectivement un groupe est en difficulté et notre arrivée va les soulager. Nous contournons le village et prenons position juste au-dessus. La bataille fait rage, les Allemands utilisent des mortiers pour nous déloger mais ce sont eux qui abandonnent avec quelques pertes. Notre chef a un bras traversé par une balle et sera soigné un peu plus tard à l’hôpital de NANTUA. Tout se passera bien. Nous rentrons au camp sans encombre.

Fin août: les évènements se précipitent, la libération semble déjà acquise et notre groupe dont l’effectif a grossi en août vient s’installer à PONT D’AIN dans une usine désaffectée nommée la VERRERIE.
Première surprise : en arrivant les avions alliés bombardent les ponts, seul le pont sur l’AIN de la voie ferrée est touché et nous déplorons la mort d’un jeune pêcheur. Cette action nous la regrettons car aucun train ne circulait plus sur cette ligne. Les jours suivants une Jeep Américaine arrive à PONT D’AIN, venant semble-t-il par la route de PRIAY-VARAMBON donc libre ; les occupants sont fêtés comme il se doit et par la route N° 75 venant d’AMBERIEU un convoi de camions installe un dépôt de munitions au pont de Suran au croisement de de la RN 75 avec la route de PAMPIER. Une A.M. Américaine a également franchi le pont de l’Ain et patrouille vers la rivière.
Le lendemain, une avant-garde Américaine avec deux véhicules, un colonel et deux de nos chefs vont reconnaître les points stratégiques du REVERMONT par ST MARTIN DU MONT jusqu’à CEZEYRIAT en vue de l’attaque sur le chef-lieu BOURG en BRESSE. Une Jeep reste en observation à ST MARTIN. Une heure environ après, au retour, l’autre voiture est accueillie par les Allemands qui ouvrent le feu presque à bout portant et par une chance inouïe personne n’est touché. Le chauffeur fait demi-tour au milieu de la route et s’échappe par un chemin transversal pour venir donner l’alerte un peu plus tard à PONT D’AIN.
Que s’est-il passé ? Les guetteurs surpris ont été faits prisonniers par les Allemands. Pendant ce temps sur la RN 75 venant de BOURG une colonne ennemie s’achemine doucement vers PONT D’AIN. Cette colonne, venant de DOMPIERRE-LENT a traversé par LA TRANCLIERE pour déboucher entre LA VAVRETTE et LE MOLARD. Des chenillettes armées de mitrailleuses, de canons, suivies par des camions bondés de soldats et une infanterie qui occupe systématiquement les abords de la route, ceci confirmant leur présence à ST MARTIN un peu plus tôt.
Le convoi arrive donc à MAS POMMIER sans incident ni alerte. Le poste avancé de la Résistance croit avoir affaire à des Américains et surpris n’a que le temps de se replier. Il ne reste que 3 kilomètres, 20 minutes, peut-être 30 et les Allemands seront à PONT D’AIN. Heureusement un cycliste passant par hasard vient donner l’alerte et la population qui avait pavoisé a juste le temps de rentrer les drapeaux et de fuir ou se terrer. Une section d’un groupe d’ A.S. avec une mitrailleuse légère est en place à la CATHERINETTE (colline dominant PONT D’AIN) et quelques postes de combat sont répartis en toute hâte vers le pont de SURAN et NECUDEY. Deux de nos fusils mitrailleurs n’ayant pas eu le temps de rejoindre le groupe prennent position sur la voie ferrée et la route. La section mitrailleuse domine l’entrée de PONT D’AIN jusqu’à NECUDEY. Les postes avancés ont ouvert le feu et les Allemands avancent prudemment. A bonne portée le mitrailleur tire une première rafale, puis deux autres à la suite obligeant les Allemands à stopper.
Mais la réaction est immédiate, les mortiers entrent en action obligeant nos camarades à se replier. Un des servants de la mitrailleuse est blessé gravement et décèdera 3 jours plus tard ; pour nos deux FM, la situation est critique, ils sont coincés en bas, une auto mitrailleuse semble les avoir repérés et tire dans leur direction. Ils vont chercher refuge dans la colline et après une montée éprouvante une surprise les attend : les fantassins Allemands sont déjà là, et c’est sous les balles qu’ils vont réussir à rejoindre un endroit plus sûr avec leurs armes.
Entre temps l’A.M. censée défendre le pont s’est repliée dans le début de la matinée vers AMBERIEU craignant l’encerclement et vers 11 heures, un avion allié qui s’est sans doute trompé de cible bombarde et mitraille la gare sans trop de dégâts. Malgré une sévère défense, les Allemands, poursuivant leur avancée entrent dans PONT D’AIN avec leurs blindés et les camions de soldats tandis qu’une partie de leur infanterie occupe la colline dominant ainsi le pays. Aussitôt ils font sauter le pont et commencent leur œuvre de destruction par le feu en incendiant les maisons du carrefour : plus de 60 maisons sont ainsi la proie des flammes mais par chance nous ne déplorons pas de morts parmi la population civile.
Pendant ce temps sur la partie ouest de PONT D’AIN, une section de notre groupe a pris position dans la colline du CRUIZ dominant les routes de DRUILLAT et VARAMBON, autres voies d’accès à PONT D’AIN. Un de nos fusils mitrailleurs, posté dans la descente de DRUILLAT voit les chenillettes Allemandes qui se dirigent vers PONT D’AIN sur la RN 75. Il tire un chargeur mais la distance, les arbres, la voie ferrée, rendent le tir inutile et soudain un char (Panther) surgit à une centaine de mètres venant de DRUILLAT sur nos arrières. La bataille est inégale. Aussitôt une rafale de mitrailleuse indique leurs intentions. Il faut se replier vite et prévenir les camarades avant d’être encerclés. L’alerte ayant été donnée, tout le monde peut rejoindre les bois sous le feu d’un 2 ème  char posté un peu plus haut. Ces chars descendent sur la RN 84 en direction de VARAMBON puis LES CARRONNIERES pour établir une jonction avec une autre unité blindée venant de CHALAMONT. Deux de ces chars prennent position au sommet de la côte contrôlant les routes N° 84 et 75, toute la plaine depuis PONT D’AIN , NEUVILLE, St JEAN LE VIEUX, AMBRONAY, jusqu’à AMBERIEU.
Ces chars vont rester environ une quinzaine d’heures mais vraisemblablement n’entreront pas en action. A ce moment PONT D’AIN est coincé dans la tenaille Allemande et les autos mitrailleuses assurent la liaison en tirant sur tous les buissons. Mr le Maire de VARAMBON en est victime : caché dans sa vigne et n’entendant plus de bruit il passe la tête au-dessus, une rafale de mitrailleuse le blesse gravement ; il décèdera quelques mois plus tard.

1er  septembre : la Libération: PONT D’AIN brûle et les Allemands sont toujours là. Le pont étant détruit, ils se dirigent vers NEUVILLE ; 4 ou 5 autos mitrailleuses foncent dans cette direction. Dans la plaine de THOL, ils aperçoivent dans la cour de la scierie Lacombe une AM Américaine. Aussitôt par quelques obus bien ajustés dont un dans les roues, ce blindé est neutralisé (à noter que les soldats qui sont fêtés ne sont pas dans leur AM). Les Allemands poursuivent jusqu’à l’entrée de NEUVILLE, tirent une rafale de mitrailleuse dans la grande rue et font demi-tour sans combattre.
C’est certainement leur dernière escapade en terre Bugiste. A la suite de cet échec les Allemands évacuent PONT D’AIN en direction de BOURG et leur division blindée qui opérait sur la COTIERE se repli sur le NORD EST, et l’ALLEMAGNE si possible. L’artillerie Américaine les pilonne par-dessus PONT D’AIN et les premiers soldats alliés vont entrer dans notre ville qui brûle toujours ; plus de 60 maisons sont touchées mais par chance pas de morts parmi la population civile. Ici s’achève l’aventure extraordinaire du groupe  GODARD I.S (non S.O.E. ndlr) JEAN DARGAUD .”

Diaporama légendé par Monsieur Jean Pirat:

L’Épopée des Enfants de Troupe d’Autun

Fin juin 1943, les Allemands chassent l’école des Enfants de Troupe (EDT) d’Autun du quartier Charreton à Valence, où elle était repliée depuis octobre 1940 ; à la rentrée d’octobre 1943, l’école s’installe au camp de Thol, entre Pont-d’Ain et Neuville-sur-Ain. Le contact est inévitable entre l’école et la Résistance toute proche ; deux événements marquent les jeunes : le défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax et un coup de main du maquis sur le camp. Les premiers contacts de l’école avec les résistants remontent à décembre 1943 : le cuisinier de l’école, Roger Bonnavent, résistant, favorise la rencontre du responsable des EDT Mazini, dit “Sioux”, avec le résistant Gaston Gambier, dit “Augé”, de Pont-d’Ain. Malgré l’hostilité de l’encadrement, des sizaines et trentaines sont formées avec les élèves les plus motivés.

Des armes provenant d’un parachutage à Belley sont stockées à Neuville-sur-Ain. La date du départ des Enfants De Troupe est fixée au dimanche 6 février 1944, jour de sortie ; Gaston Gambier “Augé” a préparé avec dix hommes la Ferme de la montagne pour les accueillir, mais un contre-ordre arrive en raison de l’attaque allemande. En mars, une nouvelle tentative échoue et c’est au début d’avril, aux vacances de Pâques, qu’un groupe d’une vingtaine d’élèves rejoint Gaston Gambier au maquis. Jean Signori, dit “Mazaud”, ex-caporal du 10e BCP (Bataillon de chasseurs à pied) puis maquisard à Hotonnes et inactif depuis février, obtient sa réintégration comme adjoint de Gaston Gambier, lui-même sous les ordres d’Henri Girousse, dit “Chabot”.

Les enfants de troupe sont installés sur une colline au sud de Saint-Jérôme et, le 6 avril, un coup de main est réalisé sur le magasin de leur école à Thol.

Le 11 avril, les Allemands et la Milice attaquent et tuent “Coco Juhem” ; aux Grangeons de Chiloup, le P.C. (Poste de commandement) de “Chabot” reçoit l’ordre de se replier en plaine dans les bois de Priay, à la Moutonnière, avec l’aide de Camille Trabbia de l’AS (Armée secrète) locale. Après les vacances de Pâques, six élèves E.D.T. rejoignent leurs camarades au maquis.

Le 2 mai, à Thol, trente élèves désertent à 22 heures sous le commandement de Fernand Collignon, dit “Rapace”. La colonne contourne Oussiat, escalade le plateau de Thol et emprunte la vallée du Suran jusqu’au pont sous Varambon où les jeunes sont pris en charge par le maquis et conduits en camion au camp qui compte désormais cinquante-deux enfants de troupe et quatorze civils. Sous les ordres de Gaston Gambier et de son adjoint Jean Signori, six groupes de combat de huit hommes sont formés, chacun doté d’un fusil mitrailleur BREN, de quatre Sten, de trois fusils et de grenades et deux groupes de trois reçoivent un bazooka. Le gouvernement de Vichy décide la fermeture de l’école, les élèves présents sont renvoyés chez eux, et les déserteurs sont exclus. La première quinzaine de mai est consacrée à l’instruction et à divers coups de main. Dans la nuit du 5 au 6 mai, un parachutage important d’armes se déroule avec succès sur le terrain “Cerf-volant”, situé entre Thol et Saint-André, et livré en presque totalité aux enfants de troupe.

Le 11 mai, après que le drapeau de l’école d’Autun eut été subtilisé à l’aumônier dans la cure de Pont-d’Ain, une prise d’armes a lieu dans les bois, en présence de Romans-Petit, Richard Heslop, alias “Xavier”, Henri Girousse, ainsi que de “Michette” et “Adée”, deux jeunes filles agents de liaison. Le lendemain, la compagnie décampe et va s’installer dans les bois à l’ouest de Rossettes.

La première grande mission pour les enfants de troupe est prévue pour la nuit du 6 au 7 juin, alors qu’on ignore que le Débarquement va avoir lieu à cette date : il s’agit de paralyser le trafic ferroviaire à Ambérieu-en-Bugey en plastiquant des locomotives et des installations au dépôt avec l’aide de dix cheminots résistants. Les résistants veulent réussir là où le bombardement allié de mai a échoué. Cette opération très bien préparée n’atteint pas la totalité de ses objectifs car la présence inattendue sur les lieux d’un train allemand en transit complique la tâche des saboteurs, et la grue est partie en dépannage, mais les résultats sont impressionnants et cette action a un retentissement national. Après le succès du sabotage au dépôt d’Ambérieu-en-Bugey, le groupe est envoyé dans le secteur de Pont-d’Ain pour paralyser le trafic routier. Cantonné à Chenavel, au-dessus de Jujurieux, il attaque des véhicules allemands sur les routes nationales 75 et 84, en compagnie de l’AS (Armée secrète) de Neuville-sur-Ain et d’un groupe d’Espagnols. Etablie à Corlier, l’unité reçoit la mission d’occuper la ligne de défense de Poncin à Jujurieux et d’entraver la circulation par des fossés creusés sur les routes.

Le 15 juin, les Allemands attaquant le Valromey, la compagnie Mazaud est envoyée au col de la Lèbe et à Ponthieu pour épauler la compagnie Louison et tenter de reprendre l’entrée du tunnel de Virieu. Les combats font rage, mais Jean Signori doit se replier vers Thézillieu, puis rejoindre Poncin pour reprendre la surveillance des routes.

Le 24 juin, les enfants de troupe repartent pour attaquer les postes allemands du tunnel de Virieu-le-Grand avec la compagnie Lorraine et le groupe franc de “Paul” Bastia (rebaptisé GF “Benoît” depuis la mort de Jean Decomble, alias “Benoît) : à 5 h du matin, l’effet de surprise joue à plein, le tunnel est repris mais on ignore les pertes de l’ennemi. Les 28 et 29 juin, la compagnie “Mazaud” monte des embuscades sur la route Virieu-le-Grand – Hauteville-Lompnès, attaque un poste allemand à Ponthieu puis rejoint le secteur de Corlier. Dès le début de juillet, des concentrations de troupes allemandes font craindre une attaque imminente.

Le 11 juillet, vers 7 heures, une forte colonne allemande arrive par la RN 84 de Pont-d’Ain vers Neuville-sur-Ain, voulant franchir la rivière d’Ain pour gagner Nantua, point de ralliement des unités ennemies. Aussitôt, la compagnie Mazaud, postée sur les hauteurs, ouvre le feu, soutenue par les compagnies Sidi Brahim, Nicole, Girod, Mermoz, le groupe Godard et l’AS de Poncin. Les Allemands utilisant leur artillerie et appuyés par leur aviation sont ralentis dans leur progression jusqu’à midi, puis forcent le passage, obligeant les maquisards à décrocher vers Poncin et Pont-de-Préau, où ils reprennent des positions pour harceler l’occupant. Les enfants de troupe sont durement éprouvés mais se battent héroïquement : René Baril et René Chauchon sont tués, Bernard Gangloff, alias “Popeye” et Yves Mercier, alias “Muchman”, blessés et camouflés à la hâte faute de pouvoir être évacués, vont connaître le même sort.

Le 12 juillet, la compagnie Mazaud, qui reçoit l’ordre de se replier sur Mérignat, Monratier puis Corlier, compte cinq morts, trois disparus et quatre blessés. Henri Girousse, dit “Chabot” ayant reçu de “Romans” l’ordre de gagner Arandas, la compagnie Mazaud s’y rend aussitôt ; deux événements heureux se produisent : le 15 juillet, le parachutage de la Chartreuse-de-Portes fournit les premières mitrailleuses et, le 19, les trois disparus rejoignent le camp. Pendant plusieurs semaines, les enfants de troupe restent dans le secteur, se déplaçant à Blanaz, Indrieux, Charvieux, Arandas. Avec l’afflux de volontaires, la compagnie compte alors 110 hommes et deux nouveaux groupes sont créés, dont un PIAT (Projectil Infantry Anti-Tank), nouvelle arme mi-mortier, mi-bazooka.

Après le débarquement de Provence, “Romans” ordonne le 25 août à la compagnie de descendre dans la plaine avec pour mission de garder les ponts de Port-Galland et Loyettes et d’occuper Saint-Vulbas.

Après l’arrivée des premiers Américains à Loyettes le 29 août, alors que de fortes unités allemandes en retraite pénètrent dans l’Ain, les enfants de troupe sont envoyés à Meximieux sous les ordres du lieutenant Colin pour occuper le séminaire.

Le 1er septembre, ils sont emmenés en camions au camp de la Valbonne où ils doivent relever la compagnie Girod, aidés par la 5e compagnie FUJP (Forces unies de la jeunesse patriotique) de Gérard Sotton, alias “Philippe”, et les Américains. Là, la situation se dégrade très vite : l’artillerie allemande pilonne les positions des maquisards qui tentent vainement de riposter avec leurs mitrailleuses. Alors que le repli commence, un obus explose sur un hangar où les enfants de troupe récupèrent leurs sacs : la compagnie compte onze morts et quinze blessés qu’il faut évacuer dans des conditions difficiles. Jean Signori et vingt hommes foncent vers Meximieux, “Rapace” et trente autres vers Port-Galland. Avec d’autres maquisards, la compagnie “Mazaud” termine la bataille de Meximieux, assiégée dans le séminaire, sous les ordres du lieutenant Colin qui refuse de se rendre.

L’arrivée de renforts américains dans la nuit du 1er au 2 septembre permet la cessation des hostilités, les blessés sont évacués vers l’hôpital américain de Rives (Isère), alors que les rescapés se replient sur Vaux.

Après avoir gardé les ponts de Loyettes et de Port-Galland jusqu’au 16 septembre, la compagnie Mazaud est intégrée au 1er bataillon de l’Ain qui, commandé par le capitaine Colin, se rend via Aiguebelle vers le front des Alpes.

Le 20 novembre, les plus jeunes des enfants de troupe reçoivent l’ordre de regagner Autun pour y terminer leurs études.

L’École reçoit plusieurs distinctions : Croix de guerre avec palme, Médaille de la Résistance avec rosette.