Menu Fermer

Réaction occup Bellegarde Camille Romans

“J’avais 11 ans. Mes parents tenaient à Vanchy un café-épicerie. Les combats faisaient rage sur le Crédo, lorsque les allemands sont arrivés dans le village. C’était le 13 ou le 14 juin 1944. Ma mère était en train de soigner un voisin blessé au bras par balle. Aussitôt mon père est placé devant un peloton pour être fusillé. Ma mère intervient, mais en vain. Au moment où le feu va être ordonné un officier arrive et dit : « Pillez mais ne tuez pas. » Les soldats allemands se mettent à piller l’épicerie, éventrent le tiroir caisse. A ce moment un maquisard d’un groupe de renfort d’Oyonnax est capturé dans la rue et abattu à coups de crosse. Jusqu’au soir ce seront des cris et le pillage dans le village. Mon père est mis dans l’obligation, sur ordre d’un officier, de distribuer des boissons non alcoolisées. Mais les soldats voulaient du vin. L’un d’entre eux, pour en avoir, finit par menacer mon père en lui mettant le canon d’un revolver dans la bouche. Certains le mélangeaient avec l’alcool à brûler. Les officiers exigèrent ensuite qu’on leur serve un repas. Etant dans l’impossibilité de leur servir le champagne qu’ils demandaient, mon père fut “passé à tabac ». Le lendemain d’autres soldats arrivent. Ce sont des « cosaques » qui vont se livrer à tous les excès : pillage, saccage, viol. L’épicerie et la maison sont tellement saccagées que nous devons nous réfugier chez la voisine où se trouve notre jeune employée en larmes car elle a été violée. On va l’habiller en vieille femme pour que cela ne se reproduise pas. Un soldat entre et exige un repas, et annonce qu’il tuera le père, la mère et le plus grand des enfants (le narrateur) le lendemain matin à 4 h. Il nous enferme dans une pièce et s’installe devant. Comme il finit par s’endormir nous en profitons pour quitter la pièce et nous cacher chez une voisine. A 4 h, le soldat réveillé, se met à notre recherche mais doit s’en aller car les officiers sifflent le rassemblement et rembarquent leurs troupes dans les camions. Sauvés ! Les soldats allemands que la population appelait « cosaques » étaient probablement des asiatiques des confins de la Russie en Asie Centrale, membres de l’armée russe, faits prisonniers par les Allemands et incorporés à la Wehrmacht dans l’unité commandée par le général félon « VLASSOV ». Etres très frustes, capable de la plus atroce cruauté, les Allemands les utilisaient comme troupes de représailles