Le Commissaire principal, Chef du Service départementaldes Renseignements Généraux à Bourg en Bresse,
A Monsieur le Préfet de l’Ain
-cabinet-. à Bourg.
Objet : Foyers de réfractaires dans le département de l’Ain.
Référ. : Vos instructions verbales de ce jour.
J’ai l’honneur de vous adresser, ci-joint, trois notes de renseignements signalant des foyers réfractaires.
Sur les Monts d’Ain, montagne dominant la ville de Nantua, où une cinquantaine d’individus assez bien armés, et probablement habillés en « jeunes des Chantiers », seraient cantonnés dans des baraquements en bois.
Sur le territoire de la commune de Matafelon (plateau de Vernans), où une centaine de jeunes réfractaires sont hébergés dans les hameaux de Chougeat, Sorpia, Lilliat, Neuillat, et Charmine. Ils portent également l’uniforme des jeunes des camps. Certains d’entre eux seraient armés de mitraillettes et de révolvers. Ils seraient encadrés par des chefs venus de Lyon. Le noyau le plus important de ces réfractaires comprenantune soixantaine de membres seraient installés au hameau de Chougeat.
Sur le plateau de Retord, où une centaine d’individus semble camper sur la chaîne entre le Grand-Colombier et le Poizat, plus exactement au Massif du Grand-Colombier, à la Grange du Grand-Colombier et à la Grange du Cimetière.
Ils sont organisés par groupes, et dirigés par des chefs.Ces jeunes gens ne vivent pas tous ensemble ; ils sont au contraire dispersés en sous-groupements. Très mobiles, les campements de ces faibles unités ne sauraient être situés avec précision. Le ravitaillement semble être fourni aux intéréssés par des fermiers de la région. Ils possèderaient en outre des vêtements et des vivres obtenus au cours de coups de mains effectués récemment, contre des chantiers de jeunesse.
Ces réfractaires sont supposés être bien armés et décidés à se défendre le cas échéant.
De ce qu’il précède, il appert qu’au moins trois foyers assez importants de réfractaires existent dans le département de l’Ain. Dans un but de sécurité, et d’ordre public, il conviendrait de les déceler avec précision, puis de les surveiller étroitement.
Il est en effet à craindre qu’à l’approche de la saison d’hiver, ces individus poussés par le besoin, se laisseront aller à commettre des méfaits pour assurer leur subsistance.
Or, les trop faibles effectifs du Service départemental des Renseignements Généraux ne permettent pas l’accomplissement parfait d’une telle mission.
Dans ces conditions, il conviendrait à mon avis de saisir d’urgence de la présente affaire, le Service régional de la Police de Sureté de Lyon.
Le Commissaire principal,