A la suite du débarquement de Normandie, le plan vert est mis en place le 8 juin. Branle-bas de combat à Ambronay, sous l’impulsion de Deshuelles, les jeunes contactés, sont appelés à partir au maquis. Ils ont rendez vous sur la petite place des Terreaux (aujourd’hui Place du Maquis) puis se rendent au village du Bellaton. Là de nombreuses armes, entreposées leur sont distribuées, ce sont 90 jeunes d’Ambronay, du canton d’Ambérieu en Bugey et voisins. Cette formation prendra le nom de Compagnie Florent, nom du maquis de Déshuelles. A cette occasion le groupement Sud est organisé en trois sous groupements. Pour le secteur ce sera le sous groupement AUGÉ, commandé par Gaston Gambier, qui va installer son P C à Corlier. Dans le « bataillon » AUGÉ figure les compagnies Florent, Le Bugey avec l’A S de Douvres.
Les Allemands apprenant le départ des jeunes d’Ambronay au maquis, encerclent la ville, ils arrêtent des habitants, le Maire François Ribot est conduit au château de Saint-Gras. Les allemands menacent de faire fusiller les otages et de bruler Ambronay. Le curé Berthelon apprenant cette situation se dirige chez les Allemands, auprès du capitaine BAST. Le curé est un ancien de la guerre de 14-18, tout comme Bast, il a été prisonnier et parle un peu l’allemand. Il explique que les personnes arrêtées ne sont que des braves habitants et que si elles doivent être fusillées, il se propose à leur place, car il est responsable de ses paroissiens. Elles seront libérées ainsi que le Maire.
Sur tout le secteur haut du Bugey et à Nantua est proclamée la IV République. Le maquis occupe tout ce secteur. Et des barrages sont installés sur toutes les routes.
Le 11 juin la compagnie le Bugey reçoit l’ordre d’occuper, l’Abergement de Varey et le haut de la commune d’Ambronay et d’établir des barrages routiers. Un groupe se fixe sur la route de Dalivoy, un autre sur la route de Côte Savin à l’Abergement de Varey. Une section est sur la route de Merland à l’Abergement de Varey. Le groupe Élie Tenand est à la sortie du village de Merland en direction de Salaport, aidé par des habitants du village, ils abattent des arbres pour barrer la route. Élie et Zwinger sont sur le talus derrière une haie, en surveillance en amont du barrage. Survient une voiture d’officiers allemands venant du château de Saint-Gras, où ils sont installés. Les Sten crépitent, Le capitaine Bast et Swinger sont blessés un des officiers allemands est tué. (Témoignage audio, d’Élie Tenand du 29 novembre 2004)
Les maquisards effectuent des opérations de ravitaillement. Dans la nuit du 20 au 21 juin, une section de la Cie Le Bugey a pour objectif, la fruitière d’Ambronay,. Le processus est invariable: les fils téléphoniques sont coupés. Les hommes se divisent en trois groupes, le 1er va réquisitionner des cultivateurs avec leurs attelages, le 2ème réveille un habitant et l’emmène à son dépôt de carburant, et réquisitionne le précieux carburant. Le 3ème réveille le fromager et lui demande d’ouvrir la fruitière. Ils invitent les cultivateurs à les accompagner pour être témoins de leurs prélèvements: 8 pains de gruyères de 30 à 40 Kgs et 4 Kgs de beurre. Quant à l’argent, il n’y touche pas. Le tout est emmené à leur camp à Nivollet. La même Cie, dans la nuit du 1er au 2 juillet, effectue une opération de ravitaillement au Mollard et à Douvres. Ils réquisitionnent des génisses, veaux, moutons. Ils indiquent qu’ils seront payés plus tard au prix de la taxe (prix fixé par catégorie d’animaux et servant de base pour estimer la valeur d’un animal réquisitionné par les autorités Françaises). Un cultivateur, plus récalcitrant, voyant qu’il n’échappera pas à l’enlèvement d’une de ses bêtes, propose Blanchette (la plus vieille de ses vaches). Un maquisard lui dit: “on va prendre Mignonne” (la plus jeune). Le cultivateur surpris, lui répond ; ” t’as l’air de bien connaitre mes vaches ” !
Le 23 août, les allemands quittent la région d’Ambérieu, le maquis investit le secteur.
Le 25 août, Jean FEVRE , un jeune d’Ambronay, croise sur le chemin menant à la gare, Roger Ajoux qui se rend à vélo à Ambronay. Roger l’engage à rejoindre la compagnie Florent qui regroupe les jeunes d’Ambronay , elle est cantonnée à Priay. Jean hésite à cause de son handicap, ( il n’a pas effectué de service militaire et a été déclaré inapte aux Chantiers de Jeunesse pour claudication). Il intègre finalement un groupe de F.F.I. (bataillon F U J) qui se trouve prés de Plagne (Ain). Son nom du maquis est Titin. Le 1er septembre il participe à la bataille de Méximieux, l’engagement fait rage entre les américains, F.F.I. et les allemands. Lors du combat, ne pouvant résister, les F.F.I. doivent se replier, un F.F.I. est blessé, Jean reste auprès de son camarade. Jean Fevre et d’autres sont faits prisonniers puis déportés au camp de Mauthausen. Jean Fevre décèdera le 19 mars 1945.
Le 28 août, le commandant AUGÉ installe son P C dans la ville d’Ambronay. La Cie Le Bugey est divisée en deux : une partie cantonne dans le camp militaire d’Ambronay à la Station-Magazin et l’autre à Coutelieu sur la route nationale 84.
Le 31 août, un messager venant d’Ambérieu en Bugey arrive au camp des F.F.I. à la Station-Magazin. L’’ordre est d’établir un barrage sur la nationale 84 à la sortie de Pont-D’ain. Il faut empêcher les Allemands de traverser le pont pour leur barrer la route d’Ambérieu. Une section est envoyée, commandée par Rauch et prend position vers Pont-Rompu. Un bruit fracassant surprend les résistants, ce sont les chenilles d’un char qu’ils voient s’avancer sur le pont. L’équipage aperçoit le barrage, tire quelques obus et mitraille. Rauch Charles et son fils Roger sont blessés. Le char reste en position sur le pont, puis se retire quelques instants plus tard. Ils entendent un grand bruit. Le pont vient de sauter. Les Allemands ne cherchaient pas à se diriger vers Ambérieu, mais plutôt à assurer leur retraite
Le département de l’Ain est libéré le 5 septembre. De nombreux allemands isolés trainent, le 7 septembre, des soldats sont signalés dans une ferme à Gévrieux, au lieu-dit, Moulin Vaquant. A l’arrivée des F.F.I., Ils se rendent sans résistance, sans combattre. Ils sont sept. Le 9 septembre le groupe de F.F.I. arrive à Ambronay en voiture et camion, avec leurs prisonniers. Ils se dirigent dans le parc du château, actuellement la mairie. La plupart d’entre eux sont très jeunes, certains n’ont pas 18 ans. Ces hommes font parties du Rekruten Kompagnie Flieger Errsatz Bataillon VII. Unités composés de jeunes recrues servant à palier le nombre important de perte que l’armée allemande subit.
Deux prisonniers descendus du camion sont fusillés et enterrés sur place, un autre est fusillé à Douvres , un à Saint Maurice de Rémens, deux à Chatillon la Palud, et le dernier à Priay. (Les corps de ces soldats reposent, aujourd’hui au cimetière militaire Allemand de Dagneux –Ain)
Le 10 septembre 1944 lors de son retour de mission, vers 16 heures, un P 47 Thunderbolt du GC ¼« Navarre » basé à Ambérieu s’écrase au sol dans les bois de Pierrefeu sur la commune d’Ambronay. Le pilote, le sergent-chef LE BRUN a sauté en parachute, mais celui-ci s’est mis en torche. Le pilote s’écrase au sol. Les derniers jours de la Compagnie Le Bugey à Coutelieu, hameau d’Ambronay
La compagnie Florent composée de nombreux jeunes d’Ambronay et des environs à dénombré 7 tués :
- GUILLOUD Marc 9 juin
- TRUCHON Claude de St Maurice de Rémens 9 juin à Gévrieux
- BIDAL Henri de Saint Jean le Vieux 12 juin sous Chenavel ( voir date )
- GALLET Philippe d’Ambérieu en Bugey 1 septembre (Bataille de Méximieux)
- GROS Georges de Gévrieux 1 septembre id
- MARTIN Jean-Marie (Niévre) 1 septembre id
- PILLAN René d’Ambronay 1septembre id
- RAVAIOLY Albel de Saint Maurice de Rémens 1 septembre id
A la dissolution des compagnies Le Bugey et Florent de nombreux hommes continueront la lutte, en s’engageant dans l’armée des Alpes (99 R.I.A)