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Henri Girousse dit Chabot par G Jeanjacquot “Les Vagabonds de l’Honneur”

C’est à cette époque que Montréal devint adjoint au chef départemental.
Alors qu’à l’expiration d’une permission il se prépare à embarquer à Marseille pour rejoindre Blida, il est bloqué dans la métropole par le débarquement allié en Afrique du Nord. Son esprit batailleur se révolte. Lui qui espérait que l’Afrique reprendrait la lutte avant que la France se voit réduit à l’impuissance ici alors qu’il serait utile dans son unité.

Aussitôt rentré à Oyonnax son patriotisme exalté ne se résigne pas à une inaction forcée. Un soir il retrouve Deschamps, son ancien professeur. Ce dernier, qui quelques jours plus tôt l’a déjà interrogé adroitement sur l’état d’esprit de l’armée coloniale, lui demande:
— Maintenant, que comptes-tu faire?
La réponse vient, sans hésitation:
— Passer en Espagne pour retourner me battre !
Le professeur, officier d’artillerie, et l’ancien élève, officier de tirailleurs ont les mêmes intentions.
— Moi aussi, je veux partir. Essayons ensemble. Un plan est combiné, il échoue… Le tirailleur ne se laisse pas décourager. Maixentais, il se battra en France puisqu’il n’a pas la possibilité de rejoindre son régiment. Deschamps (Ravignan) s’occupera de lui.
Le 15 juillet 43, chez Me Boujon, avoué à Brénod, une conférence réunissait le capitaine Romans et des responsables de la région: Ravignan et Gaby, d’Oyonnax, Juhem, de Corlier. Romans cherche pour le seconder un adjoint intrépide pouvant se consacrer entièrement au Maquis. Ravignan propose son jeune ami. Une entrevue est décidée. Le rendez-vous est fixé au 1er août, à 22 heures, au cimetière de Corlier.

Lui, ignorant de l’existence clandestine, est vêtu pour la circonstance d’un costume de ville et chaussé d’espadrilles blanches. Au cimetière c’est le premier contact. Verduraz, Juhem, Chavan et Bébé l’accueillent avec la cordialité d’usage tempérée d’une pointe de retenue ainsi que le veulent la coutume et la sécurité.
Le cimetière n’est qu’un«point de chute» et à une heure tardive de la nuit, après une longue marche dans les bois, le nouveau arrive au P.C. des Gorges. Ce n’est que le lendemain matin qu’il est présenté officiellement au Capitaine.
Après discussion et échanges de vues qui doivent lui plaire, le chef accepte le jeune lieutenant.
— Comment vous appellerez-vous? demande-t-il.
— Je n’y ai pas encore songé.
— D’où êtes-vous?
— De Montréal.
— Alors vous serez Montréal!

Le Maquis comptait un homme, et un diable d’homme de plus.