La Versanne :
Au camp Martin, au lever du jour le 7 avril
Le camp est brutalement réveillé par Le Poil, il vient de courir depuis Vulvoz où il soignait ses jambes envahies de furoncles. La Flora qui tient une cabine téléphonique l’a alerté, il avait convenu d’un code avec Mlle Vermorel la receveuse de Molinges : celle-ci devait l’appeler et sans parler, taper avec son appareil en cas d’alerte. Cela a bien marché. Au même moment…
Forestier de sentinelle accourt affolé : les Allemands sont là, et sautent des camions et se dirigent vers le bois. Brans le bal de combat : Joseph Montagne, Aramis et Maurice Hénon, Mimeaux, sautent sur leur F.M. et balayent les uniformes verts. Le camp réveillé en sursaut, chacun prend ses positions, tous les F.M. sont mis en action, les allemands qui sautent des camions alignés le long de la route sont fauchés. D‘autres tentant de décrocher un mortier d’un camion pour le mettre en batterie sont descendus aussi. Ceux plus avancé dans le pré menant au bois sont cloués au sol. Un allemand blessé au volant de son camion, en essayant de se dégager retombe à chaque fois sur son klaxon, ce cri déchirant rythme ainsi la bataille. Un autre allongé derrière la roue d’un camion se fait arroser dès qu’il essaye de se dégager. Il reste ainsi toute la journée.
Les Allemands parviennent enfin à mettre un mortier en batterie, les obus commencent à pleuvoir sur nos positions. Bien abrité derrière une butte, ils arrosent systématiquement le terrain, mètre par mètre.
Les obus cassent les branches, soulèvent la terre et les cailloux. Henri Perceval, Rémy et Marcel Boulanger, Bonhomme sont tués, deux autres le sont encore. Aramis et moi-même, Cara sont blessés par des éclats.
Les camps Pauly et Cyrus arrivent à la rescousse l’après midi et mettent hors de combat d’autres Chleuhs en les prenant à revers par le Nord.
De son coté un groupe du P.C., installé à la ferme de Vaux.
Daty et des élèments de Conversy et du G.F. Yann se postent en embuscade le soir au Charavallet au-dessus de Molinges, sur la route Mollinges à Viry. Là, ils accrochent encore des Allemands. Daty à l’aide d’une grenade gammon (grenade munie d’une poche remplie de plastique) fait sauter un camion remorquant un mortier.
La bagarre est finie. Les allemands ramassent leurs morts, plus de cent.
Hecquevard blessé, réfugié dans une petite bicoque, est soigné plusieurs fois par Dupré, le toubib du P.C.. On retrouvera son corps plus tard dans la forêt, une balle dans la nuque.
Deux autres qui ont fui, sont enterrés à Molinges. Les autres blessés avec leurs éclats dans le corps ont pu suivre le gros de la troupe commandé par Daty et rompre le cercle d’acier dans lequel ils étaient enfermés.
Pendant 15 jours Daty et ses hommes errent dans la forêt, passent le Tacon et atteignent le plateau des Moussières.
En marge de cet engagement le fils d’un paysan, Etienne Perrier qui soutient les Maquis, est tué sur le Rocher du Becket alors qu’il assistait à la bataille avec d’autres, comme Roger Perrin de Mollinges qui comptait les pertes allemandes.
Le camp Cyrus installé au Chalet Sur le Leing, prés du lac de Viry, est réveillé, brutalement par un bruit de rafales d’armes automatiques. le vendredi 7 avril, Vendredi Saint, à 7 heures du matin. Le bruit vient du Nord-Est, grossièrement de la région de Vulvoz. Les hommes comprennent que le camp Martin est attaqué à la Versanne. Les hommes font leur sac en vue d’un départ au combat. Le camp Cyrus est divisé en 2 groupes mobiles, un dirigé par Jean-Paul Prat, Brumel, l’autre par Roger Barbaroux, Vial.
Le camp Cyrus rejoint le camp Pauly, installée à la ferme de Rochetaillée toute proche. Prudemment les 2 camps prennent la direction de Choux en file indienne. Là, des balles sifflent au-dessus de leurs têtes. A travers bois les hommes cherchent à gagner une position dominant la zone de combat, il est 11 heures.
Le camp Pauly restent sur la crête et recherchent une position de tir, le camp Cyrus descendent dans la pente pour faire de même. Les 2 camps restent en liaison par l’intermédiaire de Sacha du groupe Cyrus. Les maisons de Vulvoz sont visibles à travers le feuillage.
Bientôt le camp Pauly « arrose » les Allemands depuis la crête, lorsque Sacha envoyé par Cyrus le rejoint. Les premiers obus de mortiers allemands sifflent et tombent heureusement derrière eux, au de-là de la crête.
Les allemands sont bloqués dans les fossés et derrière des rochers bordant la route sur laquelle sont alignés leurs camions.
L’après-midi avance alors que l’activité des armes automatiques faiblit par moment pour redoubler ensuite. Pauly renvoie, Sacha vers Cyrus pour l’informer qu’il décrochera à la nuit tombée. Sacha descend dans la pente et retrouve le groupe mobile Vial qui a peu tiré en raison d’une visibilité réduite. Le groupe Brunel, emmené par Cyrus est descendu beaucoup plus bas, à proximité de la route. Vial décide de garder Sacha avec lui, la nuit tombe et le groupe retourne au chalet par le sentier menant à Choux. Il passe prés du camp Pauly où tout le monde est rentré sain et sauf. Le groupe mobile Vial et Sacha rejoignent leur chalet : Cyrus et le groupe Brunel n’est pas rentré.