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De la coopérative La Fraternelle, à l’association La Fraternelle
Créée en 1881, la coopérative d’alimentation La Fraternelle est née de la volonté du cercle ouvrier de la Ville. Sa Maison du Peuple, inaugurée en 1910, est le symbole du patrimoine social haut-jurassien. Les statuts initiaux s’inspirent des ceux des sociétés lyonnaises nées dans les milieux « canuts ». Elle abrite une Bourse du Travail, le siège des syndicats, des coopératives de production et des mutuelles, une bibliothèque, le théâtre, le cinéma, le café, le restaurant, des sociétés sportives ou culturelles, etc.
Outre La Fraternelle, de nombreuses autres structures sont fondées par les ouvriers du Haut-Jura, syndicats, coopératives de production, cercles et groupes socialistes. C’est pour réunir tous ces groupes que fut construite, sur le modèle Belge, la Maison du Peuple.
En 1889, l’idéal socialiste atteint Saint-Claude par l’intermédiaire des ouvriers diamantaires parisiens venus former leurs collègues jurassiens. Le noyau socialiste s’étoffe et édite un journal en intégrant un service d’imprimerie au sein de La Fraternelle.
En 1942/43, La Fraternelle entre en résistance active en ravitaillant le maquis. Elle subit les représailles des allemands en 1944 : pillage des locaux de la Maison du Peuple, incendie des succursales, arrestations des responsables. Après la guerre, l’évolution du contexte économique et politique est défavorable au système coopératif. Après la fusion des Coopérateurs du Jura, entreprise héritière de l’ancienne Fraternelle, avec les Coopérateurs de Saint-Etienne, le parc immobilier est mis en vente. Proposée à la municipalité en 1981, la Maison du Peuple, quasiment abandonnée, échoit à une association culturelle qui prendra le nom de … La Fraternelle.
Source : Une maison pour le Peuple, Alain Mélo
La résistance au cours de la seconde guerre mondiale
D’abord située en zone sud, (la ligne de démarcation passait alors entre Morez et Saint-Claude), la région voit se développer la résistance à l’occupant, dès la fin de l’année 1941, grâce à des initiatives individuelles qui trouvent un terrain favorable dans les mouvements coopératifs ouvriers.
Le maquis du Haut-Jura a été constitué à partir des écoles de cadres du maquis fondées en 1943 par le service Périclès. Les éléments de ces écoles (Theys en Isère, La Lavanderaie à Barrème dans les Hautes Alpes) ont été regroupés en septembre 1943 dans le Haut-Jura, dans des fermes entre les Moussières, Les Bouchoux et La Pesse sur le haut plateau au sud de Saint-Claude, sous le nom de code de Tahure. L’hiver se passe en entraînement physique, civique et militaire avec un armement très réduit. Après une courte période de repos dans les villages en février 1944, un parachutage d’armement est obtenu le 11 mars 1944 près de Viry.
Les camps du maquis du Haut-Jura sont alors équipés d’un armement anglais important : fusils mitrailleurs, Bren, fusils Lee Enfield, mitraillettes, Sten, bazookas, grenades, etc. Les maquisards se constituent alors en groupes mobiles légers et s’installent dans la nature sous des toiles de parachutes, en particulier dans le bois de la Versanne, au sud de Larrivoire.
Depuis 1943, les Maquis de l’Ain et du Haut-Jura prennent de plus en plus d’importance. Des actes comme le dépôt d’une gerbe au monument aux morts d’Oyonnax le 11 novembre 1943, après un défilé des maquis dans les rues, ne peuvent qu’attirer les foudres de la répression. Les maquisards perturbent les transports ferroviaires et menacent la sécurité des troupes d’occupation.
Avril 1944, sur tous les fronts la lutte s’intensifie, l’offensive est proche.
Le vendredi 7 avril 1944, la Division 157 de la Wehrmacht se déploie dans la région de Saint-Claude. La Ville est cernée, les locaux de la coopérative La Fraternelle sont mis à sac. Ses responsables qui ravitaillent le maquis sont arrêtés ainsi que le Maire de la ville, Paul Delacour, pourtant nommé par Vichy.
Le samedi 8 avril 1944 à l’aube, les commandos allemands motorisés de la division attaquent le bois de la Versanne. Ils sont tenus en échec toute la journée par le maquis bien retranché. La Wehrmacht réussit à décrocher à la nuit emmenant ses morts et ses blessés. Le maquis a lui aussi subi des pertes. Il se replie, se réorganise et s’abrite dans la forêt. Vidéo: Premier combat.
Saint-Claude. Le dimanche 9 avril 1944, jour de Pâques, sous couvert d’une vérification d’identité, la Gestapo organise une grande rafle en présence du sinistre Klaus Barbie arrivé la veille à l’hôtel de France. Tous les hommes de 18 à 45 ans sont rassemblés sur la Place du Pré. 302 sont retenus en otages et déportés à Buchenwald, 186 ne rentreront pas.
L’arrivée des Sanclaudiens à Buchenwald, situé à quelques kilomètres de la ville de Weimar, aura lieu le 14 mai. En plus des installations du camp, les prisonniers construisent et réparent routes et voies ferrées à un rythme infernal. L’un des Kommandos de Buchenwald s’appelle Dora. C’est là que, quelques jours après leur arrivée, sont affectés la plupart des nôtres. Dora, est le nom de code d’une usine souterraine installée dans le tunnel d’une montagne, où sont fabriquées les fusées secrètes d’Hitler, les V1 et les V2. Ce kommando, terriblement meurtrier devient un camp autonome en 1944 : le camp de Dora.
Le Maquis du Haut-Jura, pendant cette période, est rattaché au groupement nord des maquis de l’Ain. De là il entreprend de nombreuses opérations, destruction de dépôts de locomotives des gares de Bellegarde et de Saint-Claude. A partir du 6 juin, date du débarquement en Normandie, il participe aux opérations de la région de Bellegarde. Le 12 juillet, les allemands attaquent la région de Saint-Claude par le nord et font sauter les barrages, obligeant le maquis à se replier près du Berbois au nord du Crêt de Chalam. Dans la nuit du 15 août, les maquisards attaquent le poste du col de la Faucille.
Saint-Claude est libérée le 2 septembre 1944 à 13 heures, par le 3ème régiment des Spahis.
Unique département français à connaître le régime des trois zones d’occupation, le Jura entre très tôt en résistance. Ne pouvant se résoudre à subir passivement la perte de leur indépendance et de leur liberté, ses habitants paieront un lourd tribut à l’occupation allemande : 631 fusillés, 289 internés et 1231 déportés, dont 671 non rentrés.
Sources : Expo Résistance et Déportation, Saint-Claude,
et Musée de la Déportation de Dortan)