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Commune de Cerdon

 Les années noires de Cerdon

1940-1944

Cet article est tiré d’un mémoire que j’ai écrit en 1993 en m’appuyant sur tous les témoignes des acteurs vivants de cette époque.

Henri GIRARDI, le 11 Novembre 2013

PREFACE DE Mr Henri GIROUSSE

Le «mémoire » écrit par Henri GIRARDI, constitue un travail remarquable de précisions donnant une idée exacte de ce que fût la vie d’un petit village de l’Ain pendant les années tragiques de 1939 à 1945.

La description de l’«Esprit de Cerdon » correspond bien à mes souvenirs. Pendant l’hiver et le printemps de 1942/43, en congé d’armistice à Ceignes, je descendais souvent à Cerdon avec mon beau-père Marius GUIFFRAY. C’est ainsi que j’ai bien connu Louis PETTINI, Albert BUCHENOT, Pierre BOURCIER, les familles RIES, MARTEL, BARLET et beaucoup d’autres dont souvent je ne connaissais que le surnom comme YONYON.

Je cite Albert BUCHENOT car au cours de deux voyages en SLOVENIE (où nous allions revoir les « Yougos » du camp Verduraz) nous avons eu l’occasion de visiter avec Pierre BOURCIER, les vestiges du Camp de déportés où il est mort. C’était le Camp du LOBEL PASS, une annexe de MAUTHAUSEN où les déportés creusaient un tunnel pour relier la SLOVENIE à l’AUTRICHE.

Un livre intitulé «le Tunnel » a été écrit sur ce Camp. Une pierre gravée porte en français le texte suivant :
« Les morts ne dorment pas, ils n’ont que cette pierre impuissante à porter la foule de leurs noms. La mémoire du Crime est la seule prière passant que nous te demandons ».

Pour nous anciens Résistants, comme pour nos camarades anciens Déportés, qui constituons, de moins en moins nombreux, ce qui reste de la mémoire vivante d’une époque dramatique qui sera bientôt rentrée dans le passé de notre pays, nous avons parfaitement conscience de la responsabilité que nous devons encore assumer : transmettre un fragment essentiel de la mémoire de la France (la mémoire aussi du Crime du LOBEL PASS) à tous ceux qui viendront après nous.

A ce titre le travail d’Henri GIRARDI nous apporte une aide précieuse et je lui en suis reconnaissant.
Lorsque le gouvernement de PETAIN a instauré le S.T.O. au début de 1943, la voix du Général DE GAULLE s’adressant à la Jeunesse de France disait :
« C’est vous que l’ennemi vise d’abord, lui qui en ce moment même veut vous mobiliser à son profit. Faîtes tout pour lui échapper ».
Cette voix a été entendue à Cerdon. Non seulement par les jeunes, qui dans leur grande majorité ont refusé de partir, mais également par beaucoup de Cerdonnais qui ont hébergé clandestinement les premiers réfractaires puis les premiers maquisards.

Cette aide dangereuse était toujours bénévole et volontaire. J’ai eu l’occasion de voir des réfractaires chez Louis Pettini, comme chez Pierre Bourcier. Et je savais qu’il y en avait d’autres et que les gendarmes fermaient les yeux, prenant aussi de grands risques. Quant aux maquisards de Verduraz, installés dans le ravin de la Fouge puis en Bassan (mis à leur disposition par CHAVENT d’EPIERRE), ils trouvaient à Cerdon un réconfort très apprécié.

Dans son récit Henri GIRARDI ne cache pas son admiration pour Emile ROUGEMONT, maire de Cerdon. Je l’approuve et nous rejoignons en cela l’écrivain bien connu, Henri Amouroux, qui dans sa « Grande Histoire des Français sous l’occupation » écrit :

« Un hommage doit être adressé, à la plupart des maires français qui, nommés ou non par Vichy, ont rempli leurs fonctions avec dignité, parfois avec abnégation et ont su demeurer fidèles à leur devoir. Ils furent souvent le dernier rempart de leurs concitoyens… Ils s’employaient toujours à éviter le pire et le plus souvent s’offraient en premier – et ils le demandaient- en unique otage ».

Henri AMOUROUX cite ensuite en exemple le Docteur TEMPORAL, maire de St Rambert fusillé le 7 Juillet. Il aurait pu tout aussi bien citer, Emile ROUGEMONT ou encore Joseph RYNOIS maire de Neuville/Ain, Jean-Marie JACQUEMET, maire d’Evosges, Joseph VIALAZ, maire d’Hauteville, Marius CHAVANT, maire délégué de Montgriffon,…etc.

Pour terminer, un autre souvenir personnel :

Les premiers américains débarqués en Provence le 15 Août 1944 sont arrivés dans l’Ain avant le 25 Août. En avant garde un escadron de reconnaissance (4 pelotons d’automitrailleuses) commandé par un Capitaine américain qui avait souhaité avoir son P.C. avec le mien dans un château d’Ambérieu. Nous avons vite sympathisé grâce au Capitaine Paul (Denis O.Johnson) et nous étions toujours ensemble.

Un jour je lui ai proposé de voir ce que les allemands avaient fait. Je l’ai donc conduit à Cerdon pour voir les restes calcinés d’une cinquantaine de maisons. C’est ainsi que les Cerdonnais virent arriver sur la place de la Mairie la première JEEP. Inutile de dire leur enthousiasme d’autant plus que c’était le signe d’une libération définitive.

Et puis, suivant la tradition, nous avons été conviés à «visiter une cave ». Mon hôte américain a beaucoup apprécié le «cerdon ». Je ne parle pas de Paul JOHNSON qui le connaissait depuis longtemps. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés dans cette cave ! Pas très longtemps car nous avions beaucoup à faire mais peut-être bien une heure ! Enfin peu importe ! Mais lorsque nous sommes sortis quelle ne fût pas notre surprise de voir notre JEEP couverte de fleurs. Il y en avait partout : un vrai char fleuri prêt à défiler dans un corso. Ce geste nous a bouleversés jusqu’aux larmes. Souvenir inoubliable, parmi beaucoup d’autres, mais qui compte certainement dans mon attachement pour Cerdon et ses habitants.

Aussi lorsque nous avons du choisir un emplacement pour le Monument aux Morts des Maquis et de l’A.S. de l’AIN et du HAUT-JURA, j’ai usé de tout mon poids pour le choix du “VAL D’ENFER”.

Henri GIROUSSE

“70 ans nous séparent des épisodes tragiques que devait subir notre village pendant cette guerre de 1939-1945.
L’invasion de la Pologne par les troupes d’HITLER devait entrainer le 1 er septembre 1939 une déclaration de guerre conjointe de l’Angleterre et de la France à l’Allemagne

Pendant une longue période expectative les troupes Franco Anglaises et Allemandes restèrent face à face sur les deux rives du Rhin.

Le 10 mai 1940, dégagé sur le front de l’est grâce au traité germano-soviétique, HITLER engage une formidable offensive où dominent chars et aviation et contourne la France et la ligne Maginot par la Hollande et la Belgique.

Les troupes françaises, britanniques, belges, hollandaises sont débordées sur tous les fronts, et c’est l’effondrement en quelques semaines.

Cerdon devait perdre quatre de ses concitoyens durant cette guerre éclair de mai 1940 :
BOLLIET Claudius
BRUNE Gaston
CHAMBAUD Paul
MOYNAT Jules

Hélas pour la majorité de nos soldats cette défaite fut le début d’une longue captivité c’est ainsi que 30 prisonniers cerdonnais ne devaient revoir leur village que cinq ans plus tard.

16 juin1940

Après le refus du parlement d’une union avec les britannique pour continuer la guerre REYNAUD démissionne, PETAIN le remplace et demande les conditions de l’armistice.

Immédiatement des voix s’élèvent contre la défaite Edmond MICHELET, Jean MOULIN sont de ceux là et le 18 juin De GAULLE sur la BBC lance son appel pour continuer le combat.

Repoussant les théories fascistes de l’Allemagne et le collaborationnisme de Vichy, des groupes d’intellectuels et d’ouvriers entrent dans la clandestinité et fondent les premiers mouvements de résistance au début de 1941.

Parmi les grands résistants on ne peut pas oublier le général Charles DELESTRAINT replié à Bourg en Bresse, il soutint des les premier instants l’appel à la résistance de son subordonné Charles De GAULLE et regroupa autour de son Amicale des chars, des officiers et des hommes de valeur qui furent nombreux à rejoindre LECLERC pour former le premier embryon des blindés des FFI.

Comme Jean MOULIN il devait payer de sa vie son engagement pour la liberté. Pris à Paris et déporté  il devait être fusillé sur l’ordre personnel de Himmler à la veille de la libération du camp de Dachau.

22 juin 1941

Violant les accords signés avec Staline l’Allemagne envahit l’URSS et rien ne semble l’arrêter dans cette offensive éclair.

24 Mai 1941

L’administration de Vichy destitue Mr BARLET qui est remplacé au poste de maire par Mr ROUGEMONT.

11 novembre 1942

HITLER prenant pour prétexte le débarquement allié en Afrique du Nord envahit la zone dite libre ce qui entraine la présence d’un détachement allemand à Cerdon.

Quatre de nos compatriotes les frères GARIN, Kiki LONGCHAMPS, Albert VUAILLAT intégrés dans l’aviation, la marine et les forces d’AFN participent à la lutte contre les troupes d’HIITLER et de MUSSOLINI et débarqueront successivement en Italie et en Provence.

16 février 1943

L’ordonnance imposant le service du travail obligatoire pour les hommes nés entre 01.01.1920 et le 30.12.1922.

L’institution du STO, imposé par l’Allemagne et signé par Laval fut à l’origine de la création de groupes de dissidents qui campèrent à la montagne.

La jeunesse de Cerdon refusa pratiquement en bloc le départ forcé pour l’Allemagne et devint réfractaire. Malgré la bonne volonté des gendarmes qui fermèrent les yeux tous ces jeunes clandestins durent se cacher pour éviter un embarquement vers les usines nazies.

Mai 1943

L’invasion de notre région, le refus de partir au STO tout autant que le succès des alliés en AFN favorise l’organisation effective de la résistance et des premiers maquis de l’AIN dans la région de Cerdon et Montgriffon.

C’est en effet dans le périmètre de notre commune, dans le secteur de la montagne d’Izenave entre l’Avocat et le Signal que s’est formé l’un des premiers camps des Maquis de l’Ain. Un embryon de résistance se cachait déjà chez ces bucherons qui exploitaient ce chantier forestier. Hubert

Mermet faisait parti de cette équipe et avait déjà contacté la famille Juhem de Corlier.

La démarche d’un deuxième groupe qui vint se cacher dans le secteur fut plus déterminée les frères ROCHE Julien et Marius, Charles FAIVRE et les frères COMTET se soustraire à la police de Bourg en intégrant ce groupe de résistants forestiers.

En raison de l’afflux des réfractaires au STO et de la multiplication des camps un encadrement spécifique du maquis devint nécessaire et cette mission fut confiée à Henri PETIT officier d’aviation qui sous le pseudonyme de ROMANS fut nommé chef départemental du maquis. Sous son autorité, l’Ain fut divisé en trois zones le nord sous la direction de Montréal, le sud avec CHABOT GIROUSSE et l’ouest confié à RAVIGNAN.

Cette organisation impose également la création d’une école de cadres qui sera créée au hameau de Résinand à la ferme des Gorges.

La période du début 1943 coïncide avec un recrutement important.
Deux visages familiers deviendront chef de camp: Edouard CROISY et le sous lieutenant SIGNORI, ils seront rejoints par 25 jeunes cerdonnais.

L’affluence de ces effectifs qui devait faire quintupler le maquis n’alla pas sans poser des problèmes à l’intendance. Si la Bresse fut le grenier à grains, notre région constitua la réserve de vin qui de tout temps à été nécessaire au moral des  troupes.

Aout 1943

Jean VAUDAN (VERDURAZ) chef de camp qui séjourne à la ferme de Terment suspecte des dénonciations et se voit dans l’obligation de changer de secteur. En accord avec ROMANS il choisit une région escarpée difficile d’accès entre Corlier et Cerdon, dans le ravin supérieur de la Fouge à la cascade de Malpasset. Deux baraquements furent crées, cette nomadisation reste cependant des plus précaire et VERDURAZ qui voit approcher l’hiver avec appréhension décide d’entrer en contact avec Mr CHAVENT afin d’occuper la ferme de Bassan sous l’Avocat. Mr CHAVENT conscient des risques encourus acceptera d’héberger le maquis et le soutiendra.

Cette installation dans un bâtiment en dur permet à Verduraz de voir l’avenir avec plus de sérénité. Rapidement des contacts seront noués à Labalme et Cerdon et des habitants deviendront des auxiliaires du maquis en participant au ravitaillement.

Au fil des mois ce camp de Bassan qui prit le nom de son chef se spécialisa dans le maniement des explosifs.

Le mois de décembre verra une activité particulièrement forte des plastiqueurs, qui en raison de la proximité et de la connaissance de la région choisirent la ligne Ambérieux Modane pour saboter les voies.

11 novembre 1943

Un détachement de BASSAN participe au défilé d’OYONNAX qui eut un retentissement international.

16 décembre 1943

Le complexe sidérurgique du CREUSOT qui travaille à plein pour l’Allemagne est devenu un objectif stratégique. Le bombardement allié du 20 juin 1943 s’est soldé par un échec et la mort de 280 personnes. Le commandement allié donne l’ordre à la résistance de faire sauter les installations du Creusot, le maquis de l’Ain est le mieux formé pour accomplir cette mission où sont intégré trois républicains espagnols du camp de BASSAN qui leur mission terminée auront la chance de regagner leur base.

14 janvier 1944

Sur proposition de Cerdonnais qui préfèrent voir leur «gnole » partir pour la Résistance plutôt qu’en Allemagne, le Maquis du camp de BASSAN s’empare de nuit des fûts d’eau de vie entreposés dans un local attenant à la salle des fêtes. Cet  alcool devait être livré à la réquisition de VICHY dans les prochains jours.

17 janvier 1944

Dans le cadre se sa mission d’insécurité un groupe de maquis de BASSAN dresse une embuscade sur la RN 84 au dessus de CERDON au lieu dit « la Thière ». Une voiture allemande empruntant cet itinéraire est prise pour cible. Un allemand est fait prisonnier, le deuxième blessé sérieusement dévale en courant le chemin qui conduit à CERDON où il se réfugie dans la maison de Mr BAL.

Cette action ne devait pas rester sans réactions violentes des Allemands qui menacèrent le maire et annonçait des jours sombres.

20 janvier 1944

Le camp de BASSAN est investit par les gendarmes mobiles.
Le soldat allemand fait prisonnier trois jours plus tôt mit à profit le départ précipité du cantonnement pour s’évader.

5 février 1944

D’importants contingents renforcés par la milice et soutenu par l’artillerie et l’aviation attaquent les camps de l’Ain.

A Cerdon la chasse aux « terroristes » va connaitre un épisode tragique. Brusquement un fort détachement Allemand sous la conduite de miliciens fait éruption dans le village et la cerne, les maisons sont fouillées et les hommes valides sont transférés à Poncin où a lieu un interrogatoire. Le chef de détachement s’en prendra à Emile ROUGEMONT et réitère ses menaces « si Cerdon continu à aider le maquis je viendrai pour vous terroriser »

En possession de « renseignements » concernant les frères THOUBILLON, CARANTE et Jean Baptiste VUCHER la milice et les allemands investissent le quartier de « TACHE ». Les maisons furent fouillées mais grâce à une cache connue dans les sous sol de la menuiserie cinq hommes de Cerdon échappèrent à l’arrestation.

Excédés de ne découvrir personne les allemands mirent le feu à la maison VUCHER qui brulait à quelques mètres des hommes cachés.

Cette journée particulièrement sombre se soldait par la déportation de huit de nos concitoyens :
BARLET René, non rentré,
BRUNE Marius, non rentré,
CURBILLON Lucien, non rentré,
DUBREUIL André, non rentré,
HENRI Marcel, non rentré,
MOINAT Noel
MOLLIE Jacques, non rentré,
SCHAFNER Charles, non rentré.

16 mars 1944

Nouvel encerclement à l’aube et rafle dans tout le village, tous les hommes de moins de 50 ans doivent se munir de nourriture pour une journée et sont rassemblés dans la cour de l’école. Cette fois tout le monde croit à une déportation massive, comme celle du 14.12.1943 à Nantua. Dans un climat de terreur chacun s’en remet à sa destiné et puis c’est une brusque volte face des allemands qui à la suite d’une fausse information d’une attaque dans le secteur d’Ambérieu partent précipitamment en emmenant 4 nouveaux cerdonnais :
BARLET André
BOURCIER Pierre    Vidéos: Pierre Bourcier L’ Aller [2’40”] L’Arrivée [1’33”] Le Travail [1’53”]Libération [2’07”]
BUCHENOT Albert, non rentré,
LINGOT Joseph

8 avril 1944

Les allemands tirent sur tout ce qui parait suspect c’est ainsi qu’une patrouille circulant sur la RN 84 aperçoit un groupe de personnes en

Certines, en fait il s’agit de pensionnaires de l’hospice qui ramassent des pissenlits.

ORCET Amédée devait trouver la mort, deux autres pensionnaires sont blessés.

La ferme de BASSAN est incendiée ainsi que la ferme de CHOIN.

Lundi de Pentecôte 1944

Un détachement stoppe sur la RN 84 au dessus de la cascade de la Culaz à l’endroit où le précipice est le plus élevé. Les Allemands font descendre d’un camion un groupe de cinq hommes, les obligent à gravir le talus et les mitraillent.

6 JUIN 1944

Les alliés débarquent en Normandie, les maquis de l’Ain qui avaient bénéficiés de nombreux parachutage reçurent l’ordre de porter le maximum de destruction sur le secteur ferroviaire de notre région. Le même jour 52 locomotives sautent dans le dépôt d’Ambérieux. Dans cette même période une grande partie du Bugey entièrement sous contrôle de la résistance est déclarée zone libérée et administrée par le sous préfet de Nantua Mr Georges DUPOIZAT. Mr ROUGEMENT reçoit ses directives du sous préfet et du Cd ROMANS. Cependant surestimant leur capacité, les responsables de la résistance en oubliaient la puissance encore énorme de leurs ennemis.

11-12 juillet 1944

Souvenir d’épouvante qui surgit dans la mémoire des anciens. Jamais la férocité des despotes du nazisme pourtant bousculé sur tous les fronts ne devait connaitre un tel degré. Notre région est sous le feu de puissantes forces qui avancent par Pont d’Ain, qu’elles investissent, ainsi que la rive droite de l’Ain. Furieux de la désertion des enfants de troupe du camp de THOL, les nazis s’en prendront à la population civile de NEUVILLE où 13 personnes seront torturées et fusillées. Courageusement les points de défense de l’A.S. de Neuville (PEILLOD) résisteront à BOSSERON mais bousculés par la puissance de feu de l’ennemi, ce sera le repli avec des pertes sévères.

CERDON en raison de sa configuration avait été choisi dans un plan de défense pour stopper toute attaque, des tranchées anti-char avaient été creusées sur plusieurs axes. Devant l’avancée ennemie, l’ordre de fuir fut très largement suivi, nos concitoyens se sauvèrent en direction de la montagne.

Apres une incursion le 11 juillet CERDON est investi le 12. La colonne ennemie s’engage dans la vieille cote en faisant marcher devant elle Mr Francisque CORCELLUT pris comme otage. La résistance postée sur l’esplanade de l’église de Saint ALBAN attaque l’ennemi qui subit des pertes et reflue sur CERDON. Fou de rage les nazis vont fusiller les trois otages en leur possession et mettre le feu au village qui aura 52 maisons détruites.
Emile ROUGEMONT
Charles BOLLIET
Francisque CORCELLUT, sont tombés dans la cour de l’école dans le crépitement des flammes qui ravageaient le village.

4 septembre 1944

L’Ain est libéré, c’est une immense explosion de joie malheureusement la libération du STRUTHOFF quelques mois plus tard fit apparaitre l’inimaginable univers des camps de concentration semant la peur pour les familles qui avaient les leurs en déportation. Nos compatriotes ont ainsi connu l’esclavage, pire encore que cette servitude fut l’anéantissement moral de l’homme, inventé par les hauts dignitaires nazis. Hélas huit de nos concitoyens broyés par l’univers démoniaque nazis devaient succomber dans les pires conditions.

René BARLET
Marius BRUNE
Albert BUCHENOD
Lucien CURBILLON
André DUBREUIL
Marcel HENRI
Jacques MOLLIE
Charles SCHAFFNER

TÉMOIGNAGE DE Mme MERCIER

A travers sont symbolisme transcendant, le monument du val d’enfer nous rappelle l’impérieuse obligation de lutter contre toute forme d’oppression, de racisme.

Bien que ce magnifique mémorial soit érigé dans notre site sauvage, des familles de chez nous mirent en application ces maxime tout simplement, tout naturellement, avec une grande discrétion, puisque cinquante  ans plus tard, cet engagement reste peu connu.

Isolé entre Labalme sur Cerdon et Vieu d’Izenave, le domaine du Sappel appartenant à l’époque à Mr DE BOISSIEU, était exploité par des fermiers d’origine Suisse, les familles JACQUARD et DUPEYREIX.

Pendant la période 1942/44 le pasteur Roland de PURY natif de Neuchâtel, qui exerçait son ministère à Lyon, fut l’un des membres actif de l’O.S.E. « organisation de secours des enfants israélites ».

Afin d’établir une filière pour mettre les enfants en sécurité dans son pays, il avait pris contact avec la famille JACQUARD par l’intermédiaire de Mme MERCIER.

Le Sappel isolé dans une zone montagneuse et forestière, à mi distance entre LYON et GENÈVE, offrait en effet un lieu de transite et de séjour idéal pour cette période de « chasse aux juifs » mené par la gestapo et la milice.

Ce contact avait été facilité du fait que ces deux familles étaient d’origine Suisse comme lui, et par la pastorale célébrée au domicile de Mme MERCIER.

Cette filière-enfant, sous la responsabilité de Mr JACQUARD, père de l’épouse de Mr MONNEY, avait comme maillon principal dans la région, Mme MERCIER, qui conjointement à son mari fit partie des premiers résistants de notre secteur.

Elle permit de mettre en sécurité de nombreux israélites, notamment un groupe de douze enfants, qui après un court transit au Sappel franchirent la frontière clandestinement prés de Prevessin grâce à une aide apportée par la famille FONJALLAZ, le convoyage avait été assuré par Mr MONNEY.

Parallèlement à ce retour des enfants vers la Suisse, le Sappel servi de cache à plusieurs familles, parmi celles-ci, Mme  MERCIER et Mr MONNEY m’ont signalé trois fillettes de 8 et 14 ans, Sophie et Rachèle MARKOWITZ, Fanny KRINBERT, ainsi qu’Hélène SISMANN et sa mère.

Le Dr KRYZKOWSKI et son épouse étaient cachés chez la famille DUPEYREX. (Le frère du Dr, qui était dans la résistance, repose au val c’enfer).

Un autre israélite, sous le pseudonyme de Maurice RAMON séjourna longuement au Sappel, et revint dans les années 50 remercier Mme MONNEY.

Le Dr LE TESSIER de Jujurieux fut sollicité pour prodiguer des soins à ces clandestins auxquels s’était joint deux réfractaires du S.T.O. comme André MONNEY, Joseph LINGOT et Laurent CURBILLON de Cerdon.

Témoignage de Madame MERCIER écrit par son fils mais signé de sa main.