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Carte Frühling Racouse, Grand-Corent Répression

Racouse, Grand-Corent (01) 16 Avril 1944…

Notes et témoignages recueillis par Jean-François LANGUILLAT, le 01 Juillet 2004, auprès de Monsieur Antoine PLANTIER, Maire de la Commune de Grand-Corent et descendant de Henri DONDE, Maire, giflé puis fusillé par les Allemands le 16 Avril 1944.Il y a 60 ans, le Dimanche 16 Avril 1944, le petit village martyr de Racouse (Grand-Corent), brûlait… C’est ce triste événement que les anciens maquisards du camp de Cize en accord avec la municipalité de Grand-Corent et avec le concours des rescapés du village, ont rappelé 25 ans après, le Dimanche 11 Mai 1969. Ce jour là, à 11 heures, ils inauguraient une stèle sur la place du nouveau village. Cette Cérémonie du Souvenir et de la Reconnaissance a uni dans un même hommage la Mémoire de Marcel BOUVEL dit “Boby”, tué quinze jours plus tard à cent mètres du village alors qu’une colonne allemande, conduite par un milicien d’une commune voisine, venait attaquer le camp Charles installé entre Racouse et Corveissiat. Volontaire pour accompagner son chef dans une mission de reconnaissance, “Boby” tombait, frappé d’une balle en plein front alors qu’il observait les camions de la colonne stationnés au milieu des ruines de Racouse.Tous les Résistants et tous les plus jeunes qui n’ont pas vécu cette sombre période, se firent un devoir d’être présents à cette simple cérémonie. Ce que fut cette terrible journée, un ancien des camps de Cize et Charles, M. Edouard CROISY, Président de l’A.N.A.C.R., nous l’a raconté.Témoignage : En Février 1944, les Allemands menaient une puissante opération de police contre le Maquis de l’Ain et contraignaient la Résistance à quitter les camps installés dans les bois et les fermes isolées pour chercher d’autres refuges.Le dur hiver de cette année-là rendit vite intenables toutes les positions de fortune des maquisards et ils durent chercher dans les villages isolés des abris plus solides et plus souriants. Racouse et ses habitants ouvrirent non seulement leurs maisons, mais aussi leur coeur de patriotes, aux jeunes combattants. Le chaleureux accueil qu’il reçu fut pour beaucoup dans l’élévation du moral de toute la troupe venue du camp de Cize voisin. De Racouse partirent plus d’une expédition vers des objectifs fixés par l’Etat-Major F.F.I. et c’est dans la joie de la réussite que Racouse fêtait ces coups portés à l’ennemiInquiets de cette recrudescence d’activité du Maquis, les Allemands mirent sur pied une nouvelle opération contre la Résistance en Avril 1944. Partout leurs troupes semèrent la désolation et la mort. Racouse ne fut pas épargné.Bien renseignée, une colonne arrive à Grand-Corent le 16 Avril 1944. Les Allemands y arrêtent le Maire, Monsieur Henri DONDE (Voir le relevé); ils lui reprochent de n’avoir pas signalé le séjour du Maquis dans la commune. Sans avoir pu répondre, le malheureux est giflé violemment, puis fusillé. Sa maison est incendiée (une stèle bordée de deux ifs fut élevée à sa Mémoire à proximité de la bascule du village.La colonne barbare se dirige ensuite sur le hameau de Racouse dont une partie de la population a fui. Hélas pas toute !Alors que les boutefeux jettent partout des grenades incendiaires, les officiers commandant la colonne, interrogent sommairement Ernest SALVIT, cinquante-quatre ans, ancien prisonnier de 14-18. Il est accusé d’avoir son fils au Maquis. “Vous abritez des terroristes. Nous allons vous fusiller”. Crânement, cet ardent patriote leur fait face et tente de nier en déclarant que son fils travaille en Allemagne. Il est immédiatement abattu sous les yeux horrifiés de sa femme et de sa fille, alors que sa maison brûle. C’est tout juste si permission sera donnée à cette dernière de retirer le corps de son père hors de la zone où tombent des brandons enflammés.Plus bas dans le village, un autre drame se déroule. Paul VOISEL, vieillard chassé de sa maison que l’on a incendiée, pense soudain qu’il a quelques économies, oh ! Bien modestes, dans une armoire. Malgré les flammes qui menacent, il rentre chez lui sans que les Allemands le retiennent et soudain la toiture rongée par les flammes s’effondre. Le malheureux n’est jamais revenu. Quelques instants plus tard, Racouse n’est plus qu’un amas de décombres fumants. Tout le hameau a brûlé, à l’exception d’une ou deux maisons.Les incendiaires prennent le chemin d’autres atrocités, laissant derrière eux une population atterrée, serrant les poings de rage et de désespoir.Un autre habitant, Marcel N…., âgé de 21 ans, est arrêté et déporté (PV 95 du 03-05-1944, rapport 72/2 du 13-11-1944 de la Brigade de Gendarmerie de Villereversure. Enquête 30 du 20-11-1944 du Service départemental du Mémorial de l’Oppression de la Région Rhône Alpes à Lyon – 1945).