Le samedi 5 février, la vallée de l’Albarine est investie avant l’aube par les forces allemandes.
Des convois de camions, précédés de side-cars et de voitures civiles arrivent à Saint-Rambert et Tenay. Les bâtiments publics sont occupés : les routes barrées. Toute circulation est interdite, Les gens sont consignés dans leur commune de résidence. Personne ne peut partir de la gare, pas de téléphone.
Les arrestations commencent :
A 6H50 arrestation de l’adjudant de gendarmerie : Benoît Bertrand, marié père de 7 enfants. Sommé de rendre son pistolet, il est emmené en conduite intérieure noire en direction d’Ambérieu. Il est déporté au camp de Mathausen, puis au Kmmando de Gusen où il meurt le 22 juillet 1944.
Dans la matinée, arrestation de Maurice Pitovsky : c’est un juif polonais qui habite Serrières. Originaire de Paris, il travaille dans les bois comme bûcheron. Il est emmené au Château Franc. Il tente de s’échapper mais il est abattu par une sentinelle.
A 11H : arrestation de Ermenegildo Busato (24 ans) et de Eluzziano Lazarin (52ans) alors qu’ils sortent de l’usine Chelle. Ils seront emmenés au Château Franc, puis ensuite en gare d’Ambérieu. E. Busato, déporté au camp de Mathausen, Kommando de Loibl Pass, il est libéré par les partisans yougoslaves en avril 1945.
E. Lazarin : il est déporté au camp de Mathausen, puis au Kommando de Gusen, où il meurt le 14 mars 1945.
A 17H : arrestation de Simone Lannezval. Le couple tient l’Hôtel de la Gare, tous deux ont des activités de Résistants. Transport de journaux clandestins, d’armes…Elle est arrêtée par la milice à 17H, emmenée au Château Franc, elle rencontre Maurice Pitowsky qu’elle reconnaît, il a le visage meurtri, roué de coups.
S. Lannezval (…Simone Clottu), déportée au camp de Rawensbrück, Szcecin (Stettin/Oder), elle est rentrée en 1945.
Le lundi 7 les arrestations se poursuivent :
Louis Michel, garagiste, est âgé de 54 ans, son fils unique est parti il y a un an rejoindre avec plusieurs camarades, les Forces Françaises Libres (FFL) en Afrique du Nord. Louis est un des organisateurs de la Résistance à Saint-Rambert dès le début . La Gestapo l’interpelle. Il est déporté au camp de Mathausen, puis Buchenwald où il meurt de dysenterie le 17 mars 1945.
Louis Millet 28 ans coiffeur est chef de l’Armée Secrète de Saint-Rambert. Déjà à deux reprises, il a été inquiété : une première fois par la Milice le 15 juillet 1943, puis il a été recherché le 16 août. Il se déplace souvent, il figure sur la liste des personnes à arrêter.
Il est 22H. Plusieurs camions bloquent la rue vers la Grenette. Des coups résonnent à la porte, Clarisse sa sœur va ouvrir, deux Français se présentent, des soldats en arme derrière eux. La mère réveillée en sursaut crie. « Lilo » très pâle s’appuie au bastingage. « Il faut partir ». Il prend son manteau et sort sous la menace des fisils. Il disparaît dans la nuit… Il est déporté au camp de Neuengamme , puis à un de ses Kommandos extérieur : Wattenstzdt où il meurt de dysenterie et de tuberculose le 15 mars 1945.
Il est 23H. Deux fonctionnaires en tenue civile et 8 soldats allemands pénètrent dans le bureau de la gendarmerie. Ils exigent qu’on aille chercher François Grillon, lequel est sommé de remettre son pistolet, son mousqueton et son ceinturon. De même ils procèdent à l’arrestation de Françous Rollet. Les deux gendarmes sont emmenés en camion bâché en direction d’Ambérieu.
François Grillon et Francis Rollet sont déportés à Neuengamme, Francis Rollet y meurt le 24 mars 1945. François rentrera.