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Caporale Aranc Répression

Aranc, le lundi  7 février 1944 – La journée la plus sombre de notre village. 11 (14 ndlr ?) Déportés 5 sont rentrés

Une employée de la poste d’Hauteville prévient la poste d’Aranc que les Allemands se dirigent vers le village.
Effectivement, ils arrivent vers 9 H du matin.

Les jeunes avertis par le maire, se sont enfuis pour se cacher dans la forêt de Trémont. Le village est encerclé, les hommes rassemblés. Louis Magasson ayant aperçu les soldats de loin, s’est saisi de son fudsil de chasse qu’il avait chez lui et court vers le cimetière avec l’intention de l’enfouir dans une fosse déja creusée. Les Allemands le voient et l’arrêtent. Ils le contraignent à les accompagner à la ferme de Terment, qu’ils savent être un camp du Maquis. Sa maison est pillée et détruite d’un coup de canon.

Les Maquisards de Terment, prévenus des événements survenus à Saint-Rambert et à Evosges, sont partis depuis la veille au soir, après avoir dissimulé quelques provisions aux alentours.

Quand les Allemands arrivent là-haut, il n’y a plus personne, mais le nid est encore chaud. Ils incendient les deux fermes qui restent dans le hameau après avoir abattu Louis Magasson dans l’une d’elles, la maison Morrier. (3 semaines après sa femme identifiera un lambeau de son pull-over)

Une dizaine (14 ndlr) d’hommes seront arrêtés à Aranc et déportés.

Jean Monnier, Jean Chavant et le Colonel Xavier (Heslop, chef anglais de la Mission Interalliée, voir SOE, ndlr) qui ont quitté Aranc précipitamment, juste avant l’arrivée des Allemands, se rendent à Montgriffon, a travers bois et ravines.(correction ndlr)

Ce dernier est allé se reposer un moment car il est fatigué: il vient de faire plusieurs kilomètres en courant. Tôt dans la matinée il était parti avec Déon le cantonnier et Prost le fromager, pour voir ce qui s’était passé dans les camps alentour. Ils se trouvaient tous trois prés du cimetière de Corlier lorsque les sentinelles ennemies postées autour du village les ont aperçus et ont fait feu sur eux. Ils se sont sauvés à travers bois. Jean Chavant est revenu chez lui tandis que les 2 autres ont continué leur chemin en direction de Résinand.

Apprenant que les Allemands sont aussi à Aranc, Jean se met aussitôt en route avec Monnier et Xavier. Il ne prend même pas le temps d’enfiler ses chaussures. Sa soeur Andrée lui court après pour les lui donner. Il les mêts prés du Monument aux Morts. Avec eux s’enfuit Jean Colomb, un jeune homme réfugié chez sa tante à Montgriffon.

Les 4 hommes resteront chez Lherbe à Nivollet le reste de la journée, puis passeront la nuit dans la grotte du Château……
(Extraits de la plaquette “la guerre 39/45 dans le canton de Saint-Rambert en Bugey” – Madame Di Carlo -1994)

Liste des déportés

* déportés ayant pu rentrer au pays : Louis Bely, Claudius Louis, Barnabé Ferrari, Félix Oraison, Pélisson Joannes, Pingon Lucien, Riva-Fernandez Jésus
* Fusillés à Résinand : Marie Oraison, Alphonse Morrier et, tué à la ferme de Terment : Mr Magasson.

Pour témoigner de cette période, on peut reprendre ici, l’un des faits de la résistance locale :
« A Monsieur et Madame Monnier (Jean Monnier et Andrée Monnier née Chavant) En témoignage de reconnaissance pour le dévouement et les sacrifices consentis au service de la Résistance par les familles Monnier d’Aranc et Chavant de Montgriffon. Je considère que le fait d’avoir accepté volontairement et bénévolement à l’aube du 6 février 1944, d’accueillir, d’héberger et de soigner le Capitaine britannique Richard Heslop (Xavier) que je leur ai confié, parce qu’il était blessé, constitue un acte d’héroïsme parmi les plus méritants dans l’histoire des maquis de l’Ain.

C’était en effet au cours des opérations de représailles conduites sur le “plateau” par les troupes allemandes dirigées par la gestapo et la milice et qu’à ce moment le capitaine Xavier était l’homme le plus recherché dans l’Ain. Avec mes sentiments de fidèle amitié. »

Aranc le 29 mars 1987 – H. Girousse.
Dédicace, portée sur le livre de Yves Martin (La Formation des Maquis de l’Ain).