Les Allemands étant arrivés à Pontarlier, ferment la nasse, de nombreuses troupes françaises et polonaises n’ont d’autres choix que d’entrer en Suisse voisine et d’y être internées. Sur les traces de la débâcle, des monceaux de matériel et de chevaux sont abandonnés : camions, fourgons, armes, munitions de tout genre, beaucoup de chevaux blessés, des harnachements, véhicules de toute; sortes.
Le dimanche 15, alors que les cloches appellent à l’office, on entend un bruit d’avion puis des grondements sourds. Les avions (on a dit italiens, mais ils sembleraient loin de leur base et ils venaient de l’est…) bombardent la ligne de chemin de fer au Fourneau mais la manque. Par contre, une bombe en plein dans le mille, au virage de la plage à Pont de Roide coupe la route et la projette dans le Doubs.
La retraite coupée passe maintenant par Rochedane avec des difficultés grandissantes. Puis subitement, l’exode s’arrête : la route est vide. Se dégage une impression de peur et de solitude.
Comme d’autres, Bourguignon s’est vidé d’une partie de ses habitants. Mais la bataille se rapproche, le canon tonne, le combat fait rage à Maîche, Saint Hippolyte, entre troupes polonaises et allemandes.
La chapelle Notre Dame du Mont est en flammes. L’inquiétude nous gagne.
C’est alors que l’on reçoit la visite de Paul Friot, qui habitait au bord de la mande route (actuellement la maison d’Alain Wischi). Très ami de mon père car bricoleur, il venait souvent à l’atelier, il lui dit : « On va se faire canarder et il faut faire un abri dans la grillotte (passage pour descendre au Doubs), on va recouvrir le tout avec des madriers de chêne et nous serons à l’abri en cas de coup dur. Ce qui fut fait.
Mais quelques jours après, en nous levant, nous avons eu la surprise de constater que le Doubs en crue (il n’avait pas plu) allait emporter nos chers madriers… C’était dû au fait que les troupes françaises en retraite, pour se protéger, avaient partiellement fait sauter le barrage de Grosbois, en amont de Soulce.