Un camp se forme en novembre 1943 dans le massif de la Serre prés de Dole.
Il est crée par des résistants « grillés » comme Camille Cérignat et Bob Ponsard, mais aussi des réfractaires comme Bernard Verrier. Des prisonniers de guerre russes évadés les rejoignent en janvier 1944. Ce maquis, est rattaché à Maurice Pognon de Dole.
Ce maquis FTP de La Serre est un maquis refuge pour les hommes pourchassés, mais pour d’autres, un maquis combattant, de ceux qui sabotent pylônes et voies ferrées.
Attaqué par les GMR, début mars 1944, le camp éclate et se regroupe conformément au plan prévu par Maurice Pagnon, à Lavernay.
Il est pris en charge par Albert Pelot, chef du groupe Pasteur. Il est lui-même arrêté le 15 mars et déporté. (D.R.)
Comme beaucoup d’autres maquis, cette dislocation pour raison de sécurité, est à associer à un enchaînement d’arrestations de responsables F.T.P., tels Maurice Pognon et Etienne Dusart, marque la dilution de ce camp.
A partir du 13 juin 1944, un groupe résistant, baptisé Panthère, s’installe progressivement aux “Bellles Charmes”, sur le mont Vassange, au nord du massif de la Serre.
Son objectif est de perturber le trafic ennemi dans ce secteur, visant en particulier la route nationale 73 et la voie ferrée entre Dole et Besançon qui passent à une dizaine de kilomètres de là.
Pour l’armée allemande, qui a envahi la zone sud en novembre 42 pour contrer un éventuel débarquement allié dans le Midi, la menace est grande. La vallée du Doubs constitue en effet un couloir de communication stratégique entre l’Allemagne et la Méditerranée. Il est d’ailleurs jalonné de garnisons, en particulier celles de Besançon et de Dole.
De fait, l’occupant ne tardera pas à réagir, réprimant l’action des maquisards avec une extrême brutalité. Le 27 juillet 1944 au matin, la Wehrmacht encercle le terrain qu’ils occupent. Vingt-deux résistants sur une quarantaine sont tués ou massacrés sauvagement par la horde barbare dans laquelle figurent des Cosaques. Les corps, dont certains affreusement mutilés au point d’être difficilement identifiables, sont inhumés dans le cimetière de Saligney où un carré spécial leur est réservé. Sur les vingt-deux victimes, seize étaient âgés de 18 à 22 ans.
Un ennemi bien informé…
Pour les habitants des environs, l’implantation d’une quarantaine de personnes isolées dans la campagne, sans eau, ne reste pas longtemps secrète. La présence du groupe alimente les conversations d’autant plus facilement qu’il existe des liens étroits avec la population de la région, dont la majorité des recrues est issue. L’adversaire, qui effectue des patrouilles, dispose à Dole et Besançon de soldats formés et aguerris, bien armés et mobiles. Des sympathisants le renseignent aussi sur ce qui se passe dans le secteur. Il est donc rapidement informé de l’existence d’un maquis à proximité de Saligney. Quatre membres du groupe précurseur avaient d’ailleurs été arrêtés le 9 juin 1944 en forêt de Chaux.
Quant à l’implantation exacte, elle a pu être précisée par une reconnaissance aérienne. Le fait que le groupe Panthère a déjà entrepris des actions contre les communications l’encourage à effectuer une recherche ciblée dans la région. Pour l’évaluation des effectifs, il lui suffit d’apprécier la consommation en eau et en pain (dont le fournisseur a été arrêté).
Surtout, il apparaît que les résistants se sont installés dans un secteur particulièrement vulnérable. Leur bivouac est situé dans un bois, à 2 km du village de Saligney, dans une région quadrillée par des routes ce qui présente le grave inconvénient de faciliter un bouclage rapide de la zone par un ennemi motorisé.
Pour éviter toute attaque surprise, le maquis se doit donc d’organiser un système d’alerte éloigné. Afin d’assurer au groupe le délai nécessaire pour évacuer le camp, il est impératif que des guetteurs, opérationnels 24 heures sur 24, soient placés dans un rayon de 10 à 15 km, le long de la RN 73, au sud de Pesmes sur la D 459… Encore aurait-il fallu qu’ils disposent de moyens de transmission rapides (radio, téléphone) que les maquis, en général, ne possédaient pas. Mais, à l’observation de la carte, on peut se demander si un tel système aurait même pu s’avérer efficace. Un convoi qui part se déplace sur la RN 73 entre Dole et Besançon n’attirera pas particulièrement l’attention d’un guetteur à Orchamps sauf s’il bifurque brusquement et se dirige vers Auxange… Une demi-heure après il est sur la zone et, dans la demi-heure suivante, l’encerclement est terminé.
…et capable des pires cruautés
Les résistants sont pour la plupart des jeunes pleins d’enthousiasme n’ayant aucune expérience du combat et de ses contraintes (discipline et conditions de vie difficiles). Sont-ils tous armés et savent-ils utiliser leur arme quand ils en ont une ? Un plan d’évacuation a-t-il été élaboré et transmis à chacun ? Existe-t-il un plan de défense pour le cas où le groupe Panthère serait surpris par une attaque allemande soudaine (emplacements individuels de combat, abris) ? Dans ce cas extrême, il s’agit de tenir jusqu’à la tombée de la nuit afin de profiter de l’obscurité pour s’échapper. Par ailleurs, existe-t-il une coordination entre les groupes de maquisards de la région pour effectuer une attaque de diversion ? Un centre de recueil ?
Les attaques contre des maquis et les exactions contre la population dans le Haut-Jura en avril et en ce mois de juillet ont montré qu’il n’avait rien perdu de son agressivité et de sa cruauté. Le moindre indice d’un possible danger doit entraîner bien davantage qu’une simple mise en garde sur place. En 1944, il est de notoriété publique que les prisonniers ne sont pas internés dans un hôtel trois étoiles ; ceux qui résistent à la torture sont rarissimes et il n’est pas question de leur reprocher de finir par parler. Les rondes allemandes et, surtout, la capture de deux responsables de la résistance locale auraient donc dû entraîner une évacuation immédiate. Faute de quoi, à Saligney, ce 27 juillet 1944, alors que leur chef était absent, vingt-deux jeunes français engagés dans le combat face à l’occupant se retrouvèrent pris au piège.