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L’attaque allemande d’avril 1944

Les Allemands, devant l’incapacité des G.M.R. à venir à bout des maquis, lancent une nouvelle opération du 7 au 15 avril 1944. 

L’attaque vise les montagnes les plus hautes du Jura géographique (Haut-Jura et Haut Bugey), une zone limitée à l’Ouest  par la Bienne, puis de son confluent avec l’Ain, l’Ain jusqu’au pont de Serrières, au Sud par la N. 79 jusqu’à La Cluse, puis la R.N. 84 jusqu’à Bellegarde, à l’Est, par la frontière avec la Suisse.

Dans cette partie de l’Ain et du Jura, l’état de siège est décrété, la loi martiale est proclamée le 7 avril au matin. La circulation est interdite, la population consignée. Le couvre feu est fixé de 20 heures à 6 heures.les communications suspendues.

Dans l’Ain :

Répression sur le Maquis

Montanges, le 8 avril, attaque du camp Richard lors d’une mission de sabotage: 10 tués dont leur chef De Vansay (Minet).

Viry, hameau “sous le Rosay” Darthenay et son agent de liaison et 3 autres maquisards sont assassinés.

Paris, chef du groupe Paris est interné à Montluc.

Répression sur les civils :

Voici la liste des communes où les Allemands ont sévi.

  • Oyonnax : 60 personnes sont déportées.
  • Belleydoux : une exécution, 3 arrestations, 4 fermes brûlées.
  • Echalon : deux tués, 4 fermes détruites (2 au lac Genin).
  • Montréal : La famille Coupat est déportée ( les parents et deux fils de 13 et 15 ans).
  • Sonthonnax la Montagne : 3 hommes sont arrêtés, le Maire est fusillé  le 14. A la ferme de Vernon, six personnes de la même famille sont abattues.
  • Ferme de Samognat, six jeunes arrêtés, une ferme détruite.
  • Grand-Corrent : le maire est fusillé, sa maison détruite.
  • Hameau Racouze: Ernest Salvit dont le fils est au camp Charles est abattu. Tout le hameau est incendié.
  • Le hameau du Petit-Corrent est incendié aussi.
  • Villereversure : la maison Guillemot est incendiée.
  • Coligny, quinze personnes arrêtées.
  • Bellegarde : 8 avril, Marius Pinard ancien conseiller municipal socialiste, un des initiateur de la Résistance à Bellegarde est arrêté et fusillé quelques temps après.
  • Dans le proche Pays de Gex : il y a vingt cinq arrestations, sept exécutions et trois fermes sont détruites.

Dans le Jura :

Répression contre le  Maquis

Le  camp Martin cantonne depuis peu dans dans la forêt de La Versanne entre Vulvoz et Larrivoire.

“Au lever du jour le 7 avril 1944, le camp est brutalement réveillé par “Le Poil”, il vient de courir depuis Vulvoz où il soignait ses jambes envahies de furoncles. La Flora qui tient une cabine téléphonique l’a alerté, il avait convenu d’un code avec Mlle Vermorel la receveuse de Molinges : celle-ci devait l’appeler et sans parler, taper avec son appareil en cas d’alerte. Cela a bien marché. Au même moment “Forestier” de sentinelle  accourt affolé : les Allemands sont là, et sautent des camions et se dirigent vers le bois. Brans le bal de combat : Joseph Montagne, “Aramis” et Maurice Hénon, “Mimeaux”, sautent sur leur F.M. et balayent les uniformes verts. Le camp est réveillé en sursaut, chacun prend ses positions, tous les F.M. sont mis en action, les allemands qui sautent des camions alignés le long de la route sont fauchés. D‘autres tentant de décrocher un mortier d’un camion pour le mettre en batterie sont descendus aussi. Ceux plus avancés dans le pré menant au bois sont cloués au sol. Un allemand blessé au volant de son camion, en essayant de se dégager retombe à chaque fois sur son klaxon, ce cri déchirant rythme ainsi la bataille. Un autre allongé, derrière la roue d’un camion, se fait arroser dès qu’il essaye de se dégager. Il reste ainsi toute la journée.

Les Allemands parviennent enfin à mettre un mortier en batterie, les obus commencent à pleuvoir sur nos positions. Bien abrité derrière une butte, ils arrosent systématiquement le terrain, mètre par mètre.

Les obus cassent les branches, soulèvent la terre et les cailloux. Henri Perceval, “Rémy” et Marcel Boulanger, “Bonhomme”,sont tués, deux autres le sont encore. “Aramis” et moi-même, “Cara” sont blessés par des éclats”.

Les camps Pauly et Cyrus arrivent à la rescousse l’après midi et mettent hors de combat d’autres Chleuhs en les prenant à revers par le Nord.

De son coté le  P.C. de “Hugues”, est installé au château de Vaux. (en fait la ferme de Vaux).

“Daty” et des élèments de Conversy et du G.F. Yann se postent en embuscade le soir au Charavallet, au-dessus de Molinges, sur la route de Mollinges à Viry. Là, ils accrochent encore des Allemands. “Daty” à l’aide d’une grenade gammon (grenade munie d’une poche remplie de plastique) fait sauter un camion remorquant un mortier.

La bagarre est finie. Les allemands ramassent leurs morts, plus de cent.

Hecquevard blessé, réfugié dans une petite bicoque, est soigné plusieurs fois par Dupré, le toubib du P.C.. On retrouvera son corps plus tard dans la forêt, une balle dans la nuque.

Deux autres qui ont fui, sont enterrés à Molinges. Les autres blessés avec leurs éclats dans le corps ont pu suivre le gros de la troupe commandé par “Daty” et rompre le cercle d’acier dans lequel ils étaient enfermés.

Pendant 15 jours “Daty” et ses hommes errent dans la forêt, passent le Tacon et atteignent le plateau des Moussières.

En marge de cet engagement le fils d’un paysan, Etienne Perrier qui soutient les Maquis, est tué sur le Rocher du Becket, qui fait face à La Veranne, alors qu’il assistait à la bataille avec d’autres, comme Roger Perrin de Mollinges qui comptaient les pertes allemandes.

Le camp Cyrus installé au Chalet Sur le Leing, prés du lac de Viry, est réveillé,  brutalement par un bruit de rafales d’armes automatiques. le vendredi 7 avril, Vendredi Saint, à 7 heures du matin. Le bruit vient du Nord-Est, grossièrement de la région de Vulvoz. Les hommes comprennent que le camp Martin est attaqué à la Versanne. Les  hommes font leur sac en vue d’un départ au combat. Le camp Cyrus est divisé en 2 groupes mobiles, un dirigé par Jean-Paul Prat, “Brumel”, l’autre par Roger Barbaroux, “Vial”.

Le camp Cyrus rejoint le camp Pauly, installé à la ferme de Rochetaillée toute proche. Prudemment les 2 camps prennent la direction de Choux en file indienne. Là, des balles sifflent au-dessus de leurs têtes. A travers bois les hommes cherchent à gagner une position dominant la zone de combat, il est 11 heures.

Le camp Pauly restent sur la crête et recherchent une position de tir, le camp Cyrus descendent dans la pente pour faire de même. Les 2 camps restent en liaison par l’intermédiaire de “Sacha” du groupe Cyrus. Les maisons de Vulvoz sont visibles à travers le feuillage.

Bientôt le camp  Pauly « arrose » les Allemands depuis la crête, lorsque “Sacha” par l’intermédiaire de “Cyrus” le rejoint. Les premiers obus de mortiers allemands sifflent et tombent heureusement derrière eux, au delà de la crête.

Les allemands sont bloqués dans les fossés et derrière des rochers bordant la route sur laquelle sont alignés leurs camions.

L’après-midi avance alors que l’activité des armes automatiques faiblit par moment pour redoubler ensuite. “Pauly” renvoie, “Sacha” vers “Cyrus” pour l’informer qu’il décrochera à la nuit tombée. “Sacha” descend dans la pente et retrouve le groupe mobile Vial qui a peu tiré en raison d’une visibilité réduite. Le groupe Brunel, emmené par “Cyrus” est descendu beaucoup plus bas, à proximité de la route. “Vial” décide de garder “Sacha” avec lui. La nuit tombe et le groupe retourne au chalet par le sentier menant à Choux. Il passe prés du camp Pauly où tout le monde est rentré sain et sauf. Le groupe mobile Vial et “Sacha”  rejoignent leur chalet: “Cyrus” et le groupe Brunel ne sont pas rentrés.

Répression sur les civils

Choux 8 avril : 2 hommes suspectés d’aider le maquis sont abattus (?), des maisons (?) sont incendiées.- Larrivoire, le maire Lucien Perrin est assassiné à la Versanne.

Vulvoz

Prémanon 5 personnes sont tuées, on découvrira 17 cadavres

Viry, une femme déportée, un homme arrêté il est exécuté à Coupy, prés de  Bellegarde (01)

Saint-Claude le 9 avril, la population est informée que tous les habitants de 18 à 45 ans doivent se rassembler à 10 heures place du Pré. 2000 personnes y sont gardées jusqu’à 14 heures. 307 sont déportées. A ces mesures s’ajoutent pillages, incendies et nouvelles exécutions, déportations.

Molinges,

La Pesse le 10,

Vaux les Saint Claude le 10,

Saint Sauveur le 11, Dans la maison du maire Georges Monneret, qui est fusillé sur place, son visiteur, Joseph Kemler chef du district A.S. de Saint-Claude est arrêté : dénoncé au S.D., « Gestapo » par un agent de liaison passé à son service, “Agenda”, Kemler est ramené à Saint-Claude et torturé à mort.

Serge Klarsfeld rapporte dans le Journal du Dimanche du 30 janvier 1983 le témoignage d’un soldat allemand, témoin de ces interrogatoires et des horribles tortures que Barbie a fait subir à Joseph Kemler. A toute interrogation il répondit : « jamais ».

Au Martinet le 11,  Une réunion importante est prévue au café-restaurant tenu par M. Joly. Les Allemands font irruption, M. Joly est fusillé sur place.   Le commandant Jean Duhail, “Vallin” chef du Maquis du Haut-Jura et “Agenda” agent de liaison, sont emmenés à Saint-Claude. Alors qu’ “Agenda” est relâché, “Vallin” torturé à Saint-Claude aura une fin tragique à Viry.

Sièges le 11, l’épouse du maire ( ?) et sont fils sont arrêtés et déportés. 5 hommes étrangers au village sont torturés puis abattus. 29 des 35 maisons que constituent le villages sont incendiées.

Au Bouchoux le 11, le maréchal des logis-chef de gendarmerie Vincent est fusillé le lendemain aux Fournet, un agriculteur et un fromager sont déportés (non rentrés).

Chassal le 11, un diamantaire est déporté (non rentré).

Coyrière le 12, Georges Monneret, 24 ans agriculteur, s’accuse d’avoir aidé des maquisards, afin d’éviter des représailles sur son village est abattu sauvagement de 80 coups de feu. On retrouvera quelques jours plus tard, aux Fournets, 6 corps calcinés. On identifiera seulement le corps du maire, Clément Osias.

Saint-Laurent le 13

Morez le 13

Morbier le 13

Clairvaux le 13

Saint- Hymetière le 13

Chemilla le 13

Cézia le 13

Viry le 13, un jeune homme, René Mermet qui avait protesté contre les tortures infligées à “Vallin”, est emmené au chalet « Sous-le-Rosay » où il est interrogé, battu et finalement exécuté d’une balle dans la tête.

Ravilloles le 14

Lamoura le 14

Saint-Lupicin le 14

Chassal le 14

Gigny le 14

Chaux-des-Prés le 14 un villageois est fusillé.

Longchaumois le 15, le boulanger est exécuté.

Grande-Rivière le 15, le maire et le fromager sont exécutés, 25 villageois sont déportés (18 non rentrés), toutes les  maisons sont pillées, et incendiées pour certaines.

Prénovel le 15, le village est incendié, 2 de ses habitants sont déportés (non rentrés).

Charchilla le 15, 6 villageois sont déportés. ( 3 non rentrés).

Saint-Pierre le 15, le maire Henri Verjus, est fusillé, un habitant déporté (non rentré)

Montfleur le 15, le château est incendié,, son propriétaire déporté, une autre maison est détruite à l’explosif.

Onoz le 15, deux immeubles sont incendiés.

Rivière-Devant et aux Piards le 15, 7 habitants sont déportés.(non rentrés)

Les Bouchoux le 16, 2 villageois sont déportés. (1 non rentré)

Choux le 16, un ouvrier agricole est arrêté, il est fusillé le lendemain aux Neyrolles (01)

Prénovel le 16, l’adjoint au maire, Fongeras, est fusillé. Deux villageois sont déportés. Toutes les maisons sont pillées, puis incendiées.

La Balme d’Epy le 16, le village est encerclé par les Allemands, le maire est fusillé.

Nantay le 16, deux habitants sont déportés (1 rentré).

Toiria le 17, 7 cadavres sont découverts.

Aumont le 17, 3 personnes sont arrêtées.

Miery le 17, 3 personnes arrêtées.

Pont-de-Poite le 17, 3 personnes arrêtées.

Jeurre le 17, 1 habitant est tué, 2 immeubles sont incendiés.

Poligny le 17, 500 soldats allemands encerclent et arrêtent, entre 11 et 14 heures, tous les hommes entre 18 et 60 ans. 76 soupçonnés d’aide à la Résistance sont arrêtés, 60 sont déportés (24 non rentrés)