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Combat Trébillet

Mardi matin 11 juillet, la colonne, venant de Seyssel, atteint Bellegarde en évitant la route de la Michaille que le maquis contrôle.

A 10 heures la bataille se déclenche entre Chatillon et Trébillet, au tunnel de la Crotte.
Les Allemands emploient les grands moyens : artillerie, mitrailleuses lourdes, avions d’observation, prise d’otages mais la configuration du site favorise les maquisards.
En effet, l’étroitesse de la vallée en général et du goulet de la Crotte où la voie ferrée et la route se chevauchent, constituent un obstacle difficile à franchir, qu’une mine judicieusement placée par MUSY permet de boucher en provoquant un éboulement de rochers.
C’est DREYER qui, vers 16 heures, réussit à allumer la mine au passage d’un convoi important. Des hommes, des véhicules et des mulets sont écrasés, d’autres se réfugient dans le tunnel.
Embusqués sur les deux versants de la vallée, les maquisards tiennent le passage sous un feu nourri malgré la riposte des armes lourdes allemandes.
Déjà GUICHARDAN, ancien de 14-18, puis les jeunes PERAZZI et DUVERT sont pris et fusillés près d’Ardon.

La bataille, car ce n’est plus un combat mais une véritable bataille durera deux jours pendant lesquels les groupes BERTHET, MUSY, RENDU, DADU, SARDI, CURTIS et RAMPON vont bloquer sur place 1 500 soldats allemands, plusieurs canons autoportés, un car, des mitrailleuses, des mortiers.
Le premier jour, mercredi 12 juillet, le jeune JULIEN, 17 ans, est tué, PERNOD, ROUSSET, LUGAND et CURTIS sont blessés. Le soir, le groupe CURTIS se replie à Giron puis à Belleydoux. Il est remplacé par le groupe RAMPON, venu de Saint Martin du Frêne. RAMPON prend position en face du tunnel, sur la rive gauche de la Semine, bien placé pour ouvrir le feu avec ses deux fusils mitrailleurs récupérés auprès de CURTIS. Malgré les tirs de mitrailleuse lourde allemande et le feu nourri d’artillerie, le groupe peut tenir la position sans pertes.
Afin d’atteindre les Allemands réfugiés dans le tunnel, l’A.S. de Saint-Germain envoie sur la voie en déclivité un wagon fou dont les tampons sont chargés d’explosifs. Il sautera dans le tunnel, faisant de nombreuses victimes et d’importants dégâts.
Furieux d’être immobilisés sous un feu continuel, les Allemands rassemblent toute la population de Chatillon, femmes et enfants compris, la dispose en une colonne qu’ils conduisent sur la route jusqu’ à la Crotte en se mettant à l’abri derrière elle, pour récupérer leurs blessés, leur matériel et détruire le barrage de l’éboulement.
Quelle fut la stupeur des maquisards de RAMPON en voyant déboucher du tournant de la Félicité cet étrange cortège.
D’un seul coup, toutes les armes se turent ; un grand silence envahit la vallée, troublé seulement par les pleurs des bébés, les cris de leurs mères, les vociférations des Allemands conduisant le groupe.
Passé le premier moment de stupeur, le feu maquisard reprit bientôt, dirigé plus haut sur les positions allemandes de la Félicité et la Lulaine afin de ne pas mettre en danger les civils.

Mais déjà, la partie était perdue car les troupes allemandes avaient percé à Cerdon et Thoirette et arrivaient à Nantua pour faire la jonction à Trébillet.
M. BOUVIER, chef de gare de Charix et membre de la résistance, avait réussi à avertir son collègue de St-Germain-de-Joux de l’avance allemande au-delà de Nantua. Il permit ainsi au commandement de prendre toutes mesures pour éviter aux combattants l’encerclement à Trébillet. Mais son coup de téléphone fut intercepté on ne sait comment. Il avait ainsi signé son arrêt de mort et fut fusillé dès l’arrivée des Allemands à Charix.
A Trébillet, la maison BARBIER est incendiée, FAVRE et PIDOUX capturés et abattus. Mme Odette MATHIEU est abattue par un officier et son corps jeté sur la voie ferrée. Il semble qu’elle devait établir une liaison avec un groupe de maquisards. Son frère, Raymond LANEL, parti à sa recherche, est capturé et abattu à son tour près de la Semine. En fin d’après-midi, les Allemands arrivent de Nantua pour faire jonction avec ceux de Trébillet. Le lieutenant MAXIME donne alors l’ordre de repli.

Les consignes du colonel ROMANS sont impératives : après avoir décroché, il faut disparaître, renoncer à la tentation d’attaquer un groupe isolé d’ennemis isolé, ou de tirer sur un avion qui passe à portée de F.M., en un mot, faire croire que la résistance intérieure est complètement détruite. L’avenir montrera combien ces ordres étaient sages et efficaces.

Mais il est trop tard pour MONVAL et CESSOT, les deux policiers résistants de Bellegarde. En effet, surpris par la rapidité de l’avance allemande depuis Cerdon, mais voulant à tout prix récupérer leurs dossiers à Nantua, ils se sont précipités en voiture, conduits par Jean BUET de St-Germain-de-Joux. Trop tard, la mort les attendait tous les trois au village des Neyrolles où une mitrailleuse allemande était déjà installée sur la route en poste avancé.

Certains groupes se replient sur Catray puis passeront en Haute-Savoie, d’autres remontent sur Giron d’où ils gagneront le Crêt de Chalam.