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Réseau Gallia

Durant l’hiver 1942/43, le Bureau Central de Renseignement et d’Action élabore la mission Gallia, destinée à « coordonner et unifier le service de renseignement des Mouvements Unis de Résistance ». Le renseignement constituant un enjeu essentiel pour la France Libre, il s’agit en fait de prendre le contrôle du SR des MUR et de l’incorporer dans un réseau unique, le réseau Gallia.

Cette mission est confiée par le général De Gaulle à Henri Gorce dit Franklin. Rescapé du réseau Interallié celui-ci a gagné Londres en octobre 1942 et a été recruté par le B.C.R.A..

En février 1943, Henri GORCE atterrit près de Lyon et, après quelques tergiversations, est introduit devant le comité directeur des MUR en avril 1943. Il s’y heurte à Henri Fresnay, chef du mouvement Combat, qui est soucieux de conserver son indépendance face à la France Libre.

Seul un accord technique est conclu : le SR des MUR, dirigé par Jean Gemähling, fournira un double de ses courriers concernant le renseignement militaire à Gallia.

Henri GORCE décide alors de constituer un réseau de renseignement à part entière. Il s’appuie sur des éléments issus de Libération-Sud, notamment Albert Kohan, ancien chef de région de ce mouvement, qui devient l’adjoint d’Henri GORCE et de Franc-Tireur, grâce à l’entregent d’Eugène Claudius-Petit.

Ce réseau s’articule en antennes régionales situées en zone Sud. Henri GORCE s’efforce d’imposer un cloisonnement rigoureux entre les agents du réseau et les mouvements dont ils sont issus, mais la plupart conservent une double affiliation. Entre mai et août 1943, le réseau est décimé par une vague d’arrestations à laquelle Henri GORCE échappe de justesse.

Il s’attelle alors à la reconstitution du réseau Gallia en s’appuyant cette fois sur des militaires en congé d’armistice, parmi lesquels le colonel Louis Gentil, qui devient son adjoint.

Le réseau regroupe dès l’automne 1943 sept régions couvrant l’ensemble de la zone Sud, avec Centrale et services à Lyon. Il rassemble 19O2 agents. Il intègre aussi plusieurs sous réseaux notamment le réseau belge Reims-Noël. Un cloisonnement rigoureux est imposé.

Le réseau organise également ses liaisons radio et aériennes. Son efficacité croissante lui permet l’envoi d’un courrier de 2500 pages tous les quinze jours en juin 1944. À cette époque, il s’est étendu avec beaucoup plus d’intensité en zone Nord (Réseau Darius).

Parallèlement, le réseau Gallia est impliqué dans le conflit opposant la France Libre à Combat sur la question de la transmission des renseignements.

Le B.C.R.A. réclame l’exclusivité, il l’obtient finalement.

Des arrestations ébranlent régulièrement le réseau Gallia, mais, grâce au cloisonnement, elles ne mettent pas en péril son existence même.

L’alerte la plus chaude se produit en décembre 1943 quand le chef du service des liaisons du réseau, Jacques El-Maleh, est arrêté. Il est abattu en tentant de s’évader de la prison de Montluc à Lyon. Quelques semaines auparavant, il s’était distingué en escortant le général de Lattre de Tassigny, après son évasion de la prison de Riom, entre l’Auvergne et Lyon et venait de terminer une inspection des régions GALLIA.

En mai 1944, le sous réseau Reims-Noël est quasiment détruit, ses liaisons ayant été « remontées » par le SD. Son chef, Georges Oreel, est abattu.

Le même mois, Louis Gentil, qui a pris la tête du réseau Darius, est arrêté et déporté au camp de Dora. Il y sabote des pièces de V 2. Il décède peu avant la libération du camp.