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Pressiat

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Le 18 juillet 1944 : ce jour là, les Allemands brûlaient Pressiat….

Article rédigé par M. Philippe Goutelle, charpentier à Pressiat.

Dans le village de Pressiat, un matin de mai 1985, Mme AugusteBoisson, Mme Marie-Louise Lacroix, me Marie Landry, et André Puvilland se sont réunis chez Mme Irma Maréchal autour d’une table pour parler « Histoire ».

Et le vécu historique à Pressiat, c’est avant tout le 18 juillet 1944.
Je tiens à remercier toutes ces personnes pour leur participation.

C’était un jour de juillet, le soleil avait brillé toute la journée soulagé par une brise rafraîchissante, et dans le soir tombant, ce feu d’artifice rougissant encore les murs de tout le village. Les maisons craquaient, les toits crépitaient, les bouteilles de gaz, ça et là, éclataient tard dans la nuit. Pressiat recommençait à vivre son cauchemar en ce jour de 18 juillet 1944: les Nazis venaient d’incendier les villages du Revermont.

Les militaires allemands débarquèrent par train blindé à Moulin des Ponts et arrivèrent à Pressiat par la route de Courmangoux au début de l’après midi. Retiré des stratégies guerrières, le village venait de voir ses premiers militaires. En effet, durant ces années d’envahissement, la vie avait continué comme au ralenti, avec les tickets de rationnement, les jardins potagers très productifs. « On avait appris à vivre avec…on se débrouillait sans les hommes… »

Sur le Mont Myon, le Mont Chatel et Montfort, il y avait bien les Maquis, cantonnés à la Ferrolière…

Les habitants de Pressiat étaient aux champs, s’affairant, préparant le reste des foins à engranger, ainsi ils purent se cacher, les uns derrière les pommiers, les autres dans les blés.

Sur le Mont Myon, les Nazis tuèrent un jeune maquisard de Saint-Jean d’Etreux pendant que les bombes éclataient sur « Plein Champ ». Ils traversèrent le village en camion et en moto en direction de Cuisiat.

Quand ils revinrent au village, Cuisiat brûlait. Ils se regroupèrent sur la place de Pressiat, une mitrailleuse se postant près de la fontaine. Les militaires se dispersèrent, fusil et talkie-walkie à l’épaule, à travers les ruelles étroites.

C’était à peu prés cinq heure de l’après midi.

Un soldat incendia un tombereau de linge au lance-flamme, un autre tua un chien du village. Il y avait deux sortes de militaires allemands :

– les uns avaient l’air rustre, parlaient un allemand différent et incompréhensible, ne savaient pas un mot de français, étaient ivres ; c’étaient peut-être des Cosaques revenant du Front russe ,

– les autres, plus jeunes, s’exprimaient un peu en français, étaient moins barbares, l’un d’eux s’est mis à pleurer après avoir dit : « Si nous pas brûler, nous tous kaput ! » ; un autre les larmes plein les yeux s’écria : « Sortir, sortir ! » avant de mettre le feu.

Les Nazis mirent le feu surtout aux granges à l’aide de balles et de plaques incendiaires et bientôt tout le village fut embrasé.

Un coup de sifflet retentit au centre du village, les destructeurs se réunirent sur la place. Après s’être rafraîchis à la fontaine, ils montèrent dans les camions, et continuèrent leurs méfaits en direction de Poisoux.

Ils emportèrent avec eux des objets pillés : des montres, des postes de T.S.F., des draps des édredons….. Une maison ne fut pas atteinte, un aveugle y habitait. Un habitant sauva sa maison grâce à grâce à sa rapidité pour monter sur un mur et asperger le foin avec le tuyau d’arrosage du jardin, déja branché, avant que les réservoirs d’eau du village soient vides.

Le château, un peu à l’écart du village ne fut pas brûlé. On réussit presque toujours à éloigner les bêtes sauf sept vaches et quelques cochons. Le vent transporta certains papiers, dont ceux de la mairie jusqu’à Thoirette.

L’incendie éteint, les habitants s’organisèrent atnt bien que mal, les uns couchant sur le béton des écuries, les autres sous les greniers sous quelques toits non détruits.

Quand les américains arrivèrent quelques jours plus tard avec leurs tanks, les habitants se cachèrent, croyant au retour des Allemands.

Les ruines du villages furent déblayées par des prisonniers de guerre allemands qui habitaient avec la population. C’étaient de bons travailleurs, bien appréciés.