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Itinéraire de Marcel Rosette (M.R.)

1940

“Après les inscriptions séditieuses, avec Paul MILLET, Pierre FIGUET et quelques autres, Marcel Millet. commence à diffuser des tracts tapés à la machine et des photos de DE GAULLE (en tenue de Colonel), qu’il se procurait dans un magasin sur le chemin du lycée, chez Paul PIODA, qui deviendra une grande figure de la Résistance dans l’Ain et succombera en déportation.
Jusqu’à la Libération, M.R. poursuivra une double activité résistante : à Chavannes-sur-Suran les jeudi et dimanche ainsi que lors des vacances scolaires ; à Bourg, les jours de classe, à la fois au lycée et dans la ville.

1941

Sous l’impulsion de Paul PIODA, commence au lycée la diffusion des journaux : “Libération” et “Combat”. Fin novembre, à Chavannes, M.R. participe au transport de plusieurs tonnes d’armes entreposées par l’armée française en juin 1940. De la Chartreuse de Sélignat jusqu’à la ferme des “pies” appartenant a la famille LESCUYER, le charroi avec des boeufs dura plusieurs nuits.
À Chavannes, c’est Jean MILLET, étudiant à Lyon, qui forme le premier noyau actif de Résistance.

1942

Poursuite d’activités multiples à Chavannes et au lycée, notamment pour recruter de nouveaux résistants. Le 13 septembre, PÉTAIN vient à Bourg. Après la messe à Notre-Dame, il y a foule au Champ de mars pour l’acclamer. M.R. et quelques copains essayent de manifester mais ils doivent renoncer tant les bressans sont nombreux et chaleureux derrière PÉTAIN.
De novembre 1942 à juin 1943, M.R. prend part, au lycée Lalande, à la création du Mouvement FUJ. Diffusion de tracts et journaux : “Libération”, “Combat”, “Franc-Tireur”. À l’initiative de leur professeur d’Éducation Physique, Marcel COCHET, avec sa classe, M.R. défile dans les rues de Bourg pour aller au stade en chantant : “Vous n’aurez pas l’Alsace et la lorraine”… à la barbe des soldats de la Wehrmacht.

1943

18 janvier, premier parachutage d’armes au lieu-dit “vers Foix”, sur la commune de Chavannes. Les containers renferment des mitraillettes Sten, un poste émetteur, du plastique, des cigarettes et… du chocolat !
Après ce parachutage, M.R. participe, avec Jacques MEYNAL et Jean MILLET, à son premier sabotage : la mise à terre d’un pylône électrique sur la ligne Cize Bolozon-Bourg. Nous étions devenus des “terroristes” pour les allemands.

Le 15 mars, à l’occasion du départ du premier convoi de jeunes pour le STO, M.R. participe à la manifestation organisée par Paul PIODA. À l’arrivée des “requis” pour le travail obligatoire en Allemagne, nous sommes environ 500 à manifester devant la gare et l’hôtel Terminus, siège de la Gestapo. Pourchassés par la Wehrmacht, nous nous regroupons au passage à niveau du “Mail”. Un certain nombre de jeunes requis s’évadent et après quelques abris clandestins, ce sera le maquis. A Chavannes-sur-Suran, pas un jeune ne partira au STO.
Au printemps, M.R. aide à l’implantation du second maquis de l’Ain, sur le mont Nivigne, au dessus de Chavannes. Il faut construire la baraque et organiser le ravitaillement avec le concours des paysans et commerçants résistants.
Engagé dans ces diverses activités, M.R. quitte l’organisation des FUJ au lycée pour rejoindre l’ AS à Chavannes. En juin il passe avec succès les épreuves du 1er Bac et… en juillet et août il devient un des agents de liaison du Capitaine ROMANS dont le PC est situé à Port, au bord du lac de Nantua. À bicyclette, il rend visite à plusieurs reprises à Jean RITOUX à La Cluse ainsi qu’aux maquisards de Nivigne. Le 15 août, deuxième parachutage cette fois à Chavannes. Peu après, M.R. assiste au conflit des résistants de Chavannes avec le Capitaine ROMANS qui voulait leur imposer un chef inconnu dont la qualité de résistant restait à démontrer.
Dans le même temps, Eugène COTTON, responsable du “Front National”, dont les parents Aimé et Eugénie résidaient à Dhuys ( hameau de Chavannes ), propose aux maquisards de rejoindre le camp “Le vengeur” dirigé par Jean Martel. C’est ainsi que la masse des résistants de Chavannes et des environs, maquisards et sédentaires, ont rejoint les rangs du 1er Bataillon FTP de l’Ain commandé par le Capitaine GRILLON.

1944

Au début de l’année, depuis Chavannes, M.R., avec trois compagnons, vont à Bourg “récupérer”, dans un garage gardé, les deux voitures du préfet pour les besoins du maquis.
Le 3 mars “à Foix” et le 9 avril à “Arnans”, c’est la réception de deux nouveaux parachutages. Mais le 12 avril, après une première incursion le 12 mars, une unité de la Wehrmacht investit le village de Chavannes, brûle plusieurs maisons et arrête une quinzaine d’hommes. Grâce à son jeune âge, M.R. est relaché mais d’autres résistants sont déportés.
Le 5 juin ont lieu les épreuves de la seconde partie du Bac. Les miliciens, commandés par le sinistre DAGOSTINI, rassemblent les lycéens dans la cour d’honneur du lycée. Plusieurs d’entre eux, dénoncés par un milicien infiltré dans les rangs des FUJ, sont arrêtés, brutalisés et déportés. Tous reviendront des camps. M.R. qui ne figure pas sur la liste des FUJ, est relâché… et le débarquement ayant sonné, il file rejoindre le 1er Bataillon FTP à Bourcia.

Là, c’est une autre vie : sabotage de la voie ferrée Lyon-Strasbourg- l’Allemagne. Le 11 juillet, embuscade organisée à Broissia, près de Montfleur. Avec le 5ème Compagnie, M.R. participe à l’attaque d’une colonne allemande qui vient opérer des représailles dans la vallée du Suran. Sévères pertes dans les rangs de la Wehrmacht et un blessé chez les maquisards.
Puis c’est la Libération. Le Bataillon s’installe à Coligny et peu après arrivent les troupes américaines.
Pour son activité dans la Résistance depuis 1940, M.R. reçoit en 1947 la médaille de la Résistance mais il dit que ses parents la méritaient avant lui et qu’il est injuste de ne pas les avoir honorés.”