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Camp Martin Haut-Jura

Début décembre 1943 Robert Soulage, le PC et le CEF quittent Tahure pour rejoindre Paris et Lyon.
Le commandement de l’Ecole des Cadres est assuré par Hugues qui est cantonné à Bidon V sur le Frene au-dessus de Septmoncel.
Le chalet des Trois Canards s’est disloqué en différents camps du maquis : le camp Pauly, le camp Cyrus, le camp Pelvoux, tous repliés sur le versant Ouest de la Bienne. Tahure est alors commandé par Martin, avec Dunord comme adjoint.

Le 18 décembre 1943 lors de l’attaque du camp Margaine par les allemands, Tahure est évacué et se replie sur les Tapettes, au Sud de la Bienne. Le camp Martin occupe 3 chalets et les recrues arrivent encore. Maurice Vernerey, “Martin” décide d’organiser 2 groupes. Le 1er reste aux Tapettes sous la responsabilité de Daty et le 2nd rejoint un chalet prés de Taillat baptisé Les Huchettes dirigé par Kinley. Le P.C. d’Hugues est prés de La Vie Neuve, prés de Chancia.

Début février 44 suivant les ordres, Martin fait « éclater » le camp. Les hommes sont répartis entre les familles, de Vulvoz, Samiat, Samiset, Larrivoire, Ranchette et Chevry. Cela simplifie le ravitaillement et permet d’améliorer les rapports entre les « maqillards » et la population.
C’est la période de « 4 heures pantagruéliques » et de lit douillet en échange de services à la ferme.

Le camp est de moins en moins Service Périclès et de plus en plus Maquis du Haut-Jura.

Mais il convient d’armer ces hommes. Martin prend alors contact avec Romans des Maquis de l’Ain et Perrottot son adjoint. Martin et Brest partent en reconnaissance et détermine un terrain de parachutage prés de Viry, qui est enfin homologué par Londres.

Le parachutage est prévu pour Mars. Un groupe mobile de Brest est chargé de préparer la population.

Ce groupe s’installe sur recommandation de l’A.S. locale dans une grange, appartenant à la famille Colomb, au centre de Viry.

Le groupe et l’A.S. locale, qui sous la responsabilité de Monsieur Burdeyron, prévoient le balisage à l’aide de ballots de paille, les chariots pour évacuer les containers.

Tous les soirs Brest se rend chez Monsieur Burdeyron pour écouter les messages personnels de la B.B.C., le message est : « Roseline attend ses 21 ans ». Il passe 3 fois le 10 mars. Alors que le groupe de Brest est sur le terrain, le reste du camp Martin établit des bouchons autour de Viry sur les routes qui vont à Rogna, à Molinges, à Désertin, à Arbent.

A 1 heure du matin le 11 mars, des chapelets de corolles se déploient dans le ciel par un beau clair de lune. 3 quadrimoteurs Sterling, guidés par les feux de paille, larguent chacun 15 containers et quelques colis. La neige amortit le choc, mais les bœufs peinent à ramener les containers sur le chemin. Le Maquis du Haut-Jura est armé.

Tout l’armement est évacué vers le camp de la Versanne, nouvellement installé. Voir Répressions-Jura-opérations allemandes ”Frühling”- avril .

Le camp martin regroupe alors 80 hommes. Ce camp est divisé en 5 groupes mobiles sous la responsabilité de Brest, Spark, Basané, Rémy, et Garrivier.

Francis Lippman

La Chèvre raconte les évènements à Noël Gayet Cara en ces termes. “Des bruits inquiétants circulaient sur l’arrivée des Chleuhs. Le 6 avril, Martin reçoit de Saint-Claude l’avertissement d’une attaque allemande pour le lendemain. Cet avis succède à plusieurs fausses alertes.

Martin n’en tient pas compte et néglige de prendre des mesures en conséquence. 

Or au lever du jour, le 7 avril, la sentinelle arrive affolée : les Allemands sont là, et sautent des camions et se dirige vers le bois. Joseph Montagne, Aramis et Maurice Hénon, Mimeaux, sautent sur leur F.M. et balayent les uniformes verts. Le camp réveillé en sursaut, chacun prend ses positions, tous les F.M. sont mis en action, les allemands qui sautent des camions alignés le long de la route sont fauchés. D‘autres tentant de décrocher un mortier d’un camion pour le mettre en batterie sont descendus aussi. Ceux plus avancé dans le pré menant au bois sont cloués au sol. Un allemand blessé au volant de son camion, en essayant de se dégager retombe à chaque fois sur son klaxon, ce cri déchirant rythme ainsi la bataille. Un autre allongé derrière la roue d’un camion se fait arroser dès qu’il essaye de se dégager. Il reste ainsi toute la journée.

Dutay tué à La Versanne

Les Allemands parviennent enfin à mettre un mortier en batterie, les obus commencent à pleuvoir sur nos positions. Bien abrité derrière une butte, ils arrosent systématiquement le terrain, mètre par mètre.
Les obus cassent les branches, soulèvent la terre et les cailloux. Henri Perceval, Rémy et Marcel Boulanger, Bonhomme sont tués, deux autres le sont encore. Aramis et moi-même, Cara sont blessés par des éclats.

Les camps Pauly et Cyrus arrivent à la rescousse l’après midi et mettent hors de combat d’autres Chleuhs en les prenant à revers.
De son coté un groupe du P.C., avec Daty et Conversy se postent en embuscade au Charavallet au-dessus de Molinges, sur la route Mollinges Viry. Là, ils accrochent encore des Allemands. Daty à l’aide d’une grenade gammon (grenade munie d’une poche remplie de plastique) fait sauter un camion remorquant un mortier.

La bagarre est finie. Les allemands ramassent leurs morts, plus de cent.

Hecquevard blessé, réfugié dans une petite bicoque est soigné plusieurs fois par Dupré, le toubib du P.C.. On retrouvera son corps plus tard dans la forêt, une balle dans la nuque.
Deux autres qui ont fui, sont enterrés à Molinges. Les autres blessés avec leurs éclats dans le corps ont pu suivre le gros de la troupe commandé par Daty et rompre le cercle d’acier dans lequel ils étaient enfermés.
Conversy et ses hommes se sont fait coincer dans la Grotte du Mont, prés de Saint-Claude. Après avoir cravaté leurs sentinelle, les Chleuhs ont encerclé la grotte. Les types de Conversy balancent des grenades pour effectuer une sortie. Ils laissent 7 hommes sur le terrain”.

Pendant 15 jours Daty et ses hommes errent dans la forêt, passent le Tacon et atteignent le plateau des Moussières.

Différents groupes du camp Martin après avoir erré une dizaine de jours se rassemblent le 25 avril au Leing, à coté du lac de Viry.
Martin quitte le camp emmenant avec certains de ses hommes. C’est la fin du camp Martin, “Martin” que l’on reverra à la tête du 2è bataillon F.T.P. dans l’Ain, créé lors du Débarquement. Il serra démis de ses fonctions le 15 juillet. Tony  prend le commandement de l’ancien camp Martin, avec Brest comme adjoint militaire.
Le camp Tony s’installe le 3 mai 44, au Bois de La Chaux, prés du lac de Viry.

C’est Chevassus Guèpe, qui commande maintenant le Maquis du Haut-Jura. Après une dernière visite de Robert, l’information passe que désormais le Maquis du Haut-Jura sont rattachés au groupement Nord des Maquis de l’Ain, sous la responsabilité de Noël Perrottot, Montréal.